Irak : dans les pas des réfugiés qui fuient les djihadistes

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Gwendoline Debono et N.M. , modifié à
Des dizaines de milliers de personnes fuient Ramadi désormais aux mains du groupe Etat islamique. Mais, une fois arrivées aux portes de la province de Bagdad, ces réfugiés ne sont pas forcément bien accueillis par les autorités irakiennes.
REPORTAGE

Ils prennent la route de Bagdad, désespérés. Selon l'Onu, environ 85.000 personnes ont fui depuis deux semaines la ville irakienne de Ramadi, tombée aux mains du groupe Etat islamique. Ces réfugiés prennent, pour la plupart, la direction du seul point de passage vers la capitale, là ou s’achève la province d’Al-Anbar contrôlée à majorité par l'Etat islamique. Reportage sur ces lieux où les autorités irakiennes accueillent avec méfiance ces réfugiés.

"Des rats s'emparent de l'Irak". Lorsqu'elles aperçoivent le pont qui enjambe l'Euphrate et qui va les mener dans la province de Bagdad, les familles, qui viennent de marcher 100 kilomètres, pressent le pas. "Daech n'aura pas mes dossiers", crie un homme, directeur d'une maison de retraite et qui pousse une brouette remplie de paperasses. 

Derrière lui, un fonctionnaire et son épouse, épuisée, relate à Europe 1 ce qui est arrivé à leur ville, tombée en l'espace de deux heures aux mains des djihadistes : "Des rats s’emparent de l’Irak ! Daech ce sont des rats, ils ont attaqué avec 15 véhicules piégés, j’ai vu un convoi de l’armée irakienne reculer avec des blessés en sang. Les forces spéciales leur ont interdit de bouger, ils leur ont dit 'vous restez'". "Les djihadistes sont "des monstres" qui "ont attaqué notre quartier au mortier", renchérit son mari au micro d'Europe 1. Les combattants du groupe Etat islamique sont venus lui dire "de vivre normalement" et il rapporte avoir "insisté pour quitter Ramadi".

Des terroristes infiltrés ? Devant un bureau, il tente maintenant d'obtenir un laissez-passer de l'armée irakienne. Mais, pour cela, il faut des garants car les militaires de la province de Bagdad se méfient de ce cortège de réfugiés. Leur crainte, selon le capitaine Razak, c'est de laisser passer des terroristes qui, une fois infiltrés dans la capitale, peuvent se faire exploser. "On fouille les valises. On cherche des explosifs, des armes. On a une liste de noms fournie par le renseignement qui nous permet d’arrêter des terroristes ici", explique ce responsable qui confie avoir déjà stoppé ainsi de dangereux individus. 

Reprendre le chemin retour. A l'écart, un réfugié, bloqué au poste de contrôle, a les nerfs qui lâchent : "on accuse tous les habitants de Ramadi d’être des terroristes. La femme c’est Daech, l’enfant, c’est Daech", explique cet homme qui "en a marre". Comme d'autres, il n'aura peut-être pas d'autres choix que de faire le chemin inverse. Seule solution alors : trouver refuge dans un village proche des combats qui voudra bien l'accueillir.