Ces manuscrits, rares et précieux, racontent l’histoire des peuples de Mésopotamie et retracent l’implantation des dominicains dans la région. Jusqu’au 24 août, les Archives nationales exposent à Paris ces documents, dont certains sont des fac-similés Des copies que l’on doit à un moine du couvent de Mossoul, en Irak, le frère Najeeb, qui les a sauvés de justesse cet été pour les numériser et les mettre à l’abri de l’organisation Etat islamique (EI).
"On a reçu des balles". Le frère Najeeb raconte comment il a déménagé en urgence les manuscrits lors de la prise de Mossoul par les djihadistes de l’EI. "On a pris beaucoup de manuscrits et on s’est sauvés, avec deux voitures. On a reçu des balles", explique-t-il.
Le moine dominicain passe alors la frontière et se réfugie au Kurdistan. C’est là, dans une maisonnette, qu’il entasse les manuscrits pour les protéger. Mais il ne s’arrête pas là : dès son arrivée, il envoie aussi un colis à Paris. A l’intérieur, un disque dur, où sont stockées des milliers de photos qui permettront de fabriquer des copies des précieux ouvrages, présentés jusqu’en août à Paris.
"Tout faire pour garder ce patrimoine". "La reliure, les pages, même les petits défauts, on les reproduit à 100%. Il faut tout faire pour garder ce patrimoine", soutient le religieux, pour qui "l’Etat islamique essaie de tuer les vivants, de tuer leur histoire. Heureusement, on a sauvé la majeure partie, par la numérisation".
Le frère Najeeb transmet d’ailleurs aujourd’hui cette technique à des universitaires en Irak. Son objectif : que les manuscrits originaux restent cachés dans leur pays d’origine le plus longtemps possible. Mais que leur contenu soit aussi stocké sur des ordinateurs, à l’abri des destructions des hommes de l’Etat islamique.