Il s'agit de l'un des attentats les plus sanglants ayant frappé ces derniers mois la capitale irakienne. Au moins 38 personnes ont été tuées jeudi dans l'explosion d'un camion piégé dans un marché d'un quartier chiite de Bagdad, un attentat revendiqué par l'organisation Etat islamique. Des dizaines de personnes ont aussi été blessées.
Le quartier de Sadr City touché. C'est dans le quartier chiite de Sadr City, situé dans le nord de la capitale irakienne et très densément peuplé, que le groupe extrémiste sunnite a frappé, vers 6 heures, heure locale. L'explosion a dévasté ce marché de fruits et légumes, au moment où la plupart des magasins étaient en train de s'approvisionner. Sur place, des chevaux qui tiraient des carrioles chargées de marchandises ont également été tués.
L'attentat a été revendiqué peu après par l'Etat islamique, qui considère les chiites comme des hérétiques. Le groupe djihadiste a salué une "opération bénie qui a permis aux soldats de l'Etat islamique de faire exploser un camion piégé" à Sadr City. Ce mode opératoire est typique du groupe djihadiste, qui frappe souvent des zones comme les marchés ou les cafés afin de faire un maximum de victimes. En juillet, l'EI avait ainsi revendiqué un attentat suicide dans un marché qui avait fait au moins 120 morts et une centaine de blessés à Khan Bani Saad, une ville majoritairement chiite, située à 20 km au nord de Bagdad.
Vers une partition du pays ? Cette nouvelle attaque va sans doute attiser un peu plus les tensions en Irak, ou le conflit latent entre les chiites, majoritaires, et les sunnites, a culminé dans les années 2006-2007, faisant des dizaines de milliers de victimes. Les tensions sont telles que l'idée d'une partition du pays n'est plus un tabou.
C'est même le général Raymond Odierno, qui fut le plus haut gradé de l'armée américaine en Irak et qui prendra sa retraite cette semaine, qui l'a évoquée lors d'une conférence de presse. "Cela devient de plus en plus difficile chaque jour", a-t-il constaté à propos d'une réconciliation entre les deux communautés, prédisant un avenir dans lequel "l'Irak ne ressemblera plus à ce qu'il était par le passé". Interrogé sur une éventuelle partition du pays, il a ensuite assuré : "c'est quelque chose qui pourrait arriver".