Irak : une centaine de victimes de l'État islamique retrouvées dans une fosse commune

© JOSEPH EID / AFP
  • Copié
avec AFP // Crédit photo : JOSEPH EID / AFP
Une centaine de victimes de l'État islamique ont été exhumées d'une fosse commune en Irak. Les autorités locales poursuivent depuis des années les recherches pour retrouver les charniers creusés par les jihadistes. "Les restes de 139 victimes ont été retirés", a précisé Dia Karim, directeur du département chargé des fosses communes au sein de la Fondation des martyrs.

Une centaine de victimes du groupe État islamique (EI) ont été exhumées d'une fosse commune en Irak, ont confirmé dimanche à l'AFP des responsables, les autorités poursuivant depuis des années les laborieuses recherches pour retrouver les charniers creusés par les jihadistes. Le puits naturel Alo Antar, dans lequel les jihadistes avaient précipité leurs victimes --Yazidis et Turcomans chiites notamment-- se trouve dans la région de Tal Afar, à 70 kilomètres à l'ouest de la métropole de Mossoul, ex-"capitale" de l'EI dans le nord de l'Irak.

"Les victimes n'ont pas été enterrées, mais jetées dans le gouffre"

"Les restes de 139 victimes ont été retirés, avec en plus des parties de corps humains", a précisé à l'AFP Dia Karim, directeur du département chargé des fosses communes au sein de la Fondation des martyrs, institution gouvernementale gérant cet épineux dossier. "Il y a des hommes et des femmes", a-t-il indiqué. "Selon les témoignages, les victimes sont des Yazidis ou des Turcomans chiites, et certains habitants de Mossoul enrôlés dans les forces de sécurité", a précisé Dia Karim.

 

Ces mêmes témoignages, a-t-il dit, font état de victimes exécutées "pendant le règne de l'EI", quand les jihadistes contrôlaient Mossoul entre l'été 2014 et 2017. Il évoque certains récits sur des exactions plus anciennes, quand Al-Qaïda était actif. Le charnier d'Alo Antar a été découvert quand les forces de sécurité irakiennes ont reconquis la région en 2017, mais le travail sur le site a débuté en mai dernier, a précisé à l'AFP Ahmed al-Assadi, autre responsable de la Fondation des martyrs.

"Les victimes n'ont pas été enterrées, mais jetées dans le gouffre", d'une profondeur allant de 12 à 42 mètres, a-t-il dit. Certaines victimes ont été tuées par balles, d'autres égorgées, a indiqué Ahmed al-Assadi. Les "vêtements" traditionnels retrouvés sur certains "indiquent qu'ils pouvaient être yazidis ou turcomans", a précisé le responsable, ajoutant que d'autres corps étaient revêtus de l'uniforme orange imposés par l'EI à ses prisonniers. Pour tenter d'identifier les victimes, des tests ADN seront effectués à Bagdad par le département médico-légal. Les fouilles se poursuivent sur le site.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014, l'EI avait multiplié les exactions dans les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine. Mis en déroute en 2017 en Irak, il a laissé derrière lui plus de 200 charniers qui pourraient renfermer jusqu'à 12.000 corps, selon l'ONU. Outre ces fosses communes des jihadistes, l'Irak continue aujourd'hui encore à mettre au jour des charniers datant du régime de Saddam Hussein, renversé lors de l'invasion américaine de 2003.