Israël et le mouvement chiite libanais Hezbollah, dont le chef Hassan Nasrallah a été éliminé vendredi dans une frappe israélienne, sont engagés dans un conflit acharné depuis des décennies.
1982, Israël envahit le Liban, naissance du Hezbollah
Le Hezbollah, "Parti de Dieu", naît dans la foulée de l'invasion du Liban par Israël en 1982. Depuis la vallée de la Békaa (est), ses militants chiites sont alors encadrés par les Gardiens de la révolution iraniens. Très vite, le mouvement, qui sort de la semi-clandestinité en 1985, s'impose avec sa branche armée, la Résistance islamique au Liban, comme le fer de lance de la lutte contre Israël.
Il multiplie les opérations — attentats-suicides à la voiture piégée, assauts par vague humaine — contre l'armée israélienne, qui occupe alors un millier de km² dans le sud du Liban, ainsi que sa milice auxiliaire, l'Armée du Liban sud (ALS).
1992, Nasrallah prend la tête du mouvement
En février 1992, Israël tue le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Abbas Moussaoui, dans un raid d'hélicoptères. Hassan Nasrallah, qui lui succède, reçoit son baptême du feu un an plus tard, lorsque sa milice, la seule à ne pas avoir déposé les armes à la fin de la guerre civile libanaise (1975-1990), résiste à une opération israélienne d'envergure, "Justice rendue".
Celui qui fera évoluer le Hezbollah en une force politique incontournable et sera considéré à sa mort comme l'homme le plus puissant du Liban, commence à construire sa stature. L'échec d'une nouvelle opération israélienne, en 1996, l'aidera à la consolider.
1996, offensive "Raisins de la colère"
Le 11 avril 1996, l'armée israélienne lance une campagne de raids massifs pour briser le potentiel militaire du Hezbollah et faire cesser les tirs de roquettes sur le nord d'Israël, l'opération "Raisins de la colère". En 17 jours, quelque 600 raids sont menés, 23.000 obus tirés, 175 personnes sont tuées, essentiellement des civils, et plus de 300.000 réfugiés se retrouvent sur les routes.
Après un carnage à Cana, où l'armée israélienne bombarde un camp de l'ONU abritant des civils venus chercher refuge, les appels internationaux au cessez-le-feu se multiplient. Un accord est signé le 26 avril entre Israël et le Hezbollah, qui met un terme à l'opération.
2000, retrait d'Israël du Liban
L'armée israélienne se retire du sud du Liban en mai 2000, après 22 ans d'occupation. Le retrait de cette zone dite de "sécurité" a pour objectif de sortir le pays d'un bourbier qui lui a coûté un millier d'hommes. Nasrallah gardera l'image de l'artisan de ce retrait, la guerre d'usure du Hezbollah étant responsable de la plupart des attaques ayant renforcé dans la population israélienne le mouvement en faveur d'un retrait.
Cette pression avait également amené le gouvernement israélien à accepter en 1998 une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu exigeant un retrait "sans délai" du Liban.
L'offensive de 2006
En 2006, le mouvement pro-iranien déclenche une guerre avec Israël en enlevant deux soldats israéliens à la frontière des deux pays, affirmant vouloir les échanger contre des prisonniers en Israël, qui riposte par une vaste offensive.
La confrontation de juillet-août fait plus de 1.200 morts au Liban, surtout des civils, et 160 en Israël, la plupart des soldats. Israël ne parvient cependant pas à neutraliser le Hezbollah, qui apparaît alors en position de vainqueur.
2023-2024, nouveau front
Le Hezbollah ouvre un front contre Israël dès le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël menée par le Hamas palestinien, son allié. Après un an d'échanges de tirs transfrontaliers avec la formation libanaise, l'armée israélienne a lancé lundi dernier une campagne de bombardements violents et meurtriers contre le Hezbollah.
Israël, qui affirme agir pour faire cesser les tirs vers le nord de son territoire, dit avoir tué la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah ces derniers mois. Hassan Nasrallah est mort dans une frappe qui a détruit vendredi plusieurs immeubles dans la banlieue sud de Beyrouth.