Le président américain, Joe Biden, a affirmé qu'Israël avait accepté de cesser ses opérations militaires à Gaza pendant le ramadan, afin de permettre la libération de tous les otages du Hamas, au moment où la population du territoire palestinien assiégé est menacée de famine après bientôt cinq mois de guerre. L'Égypte, le Qatar et les États-Unis notamment tentent de négocier une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas, alors que le bilan de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien approche les 30.000 morts à Gaza, selon le décompte du ministère de la Santé du Hamas.
Les médiateurs espèrent obtenir une pause dans les combats avant le début du ramadan, le mois de jeûne sacré des musulmans, qui commence cette année le 10 ou 11 mars, mais les deux camps ont refusé tout compromis jusqu'à présent. Le Hamas réclame notamment depuis des semaines un cessez-le-feu complet avant tout accord sur la libération des otages. Israël de son côté affirme qu'une trêve ne signifierait pas la fin de la guerre et que celle-ci se poursuivrait jusqu'à l'élimination totale du Hamas. "Le ramadan arrive et il y a eu un accord des Israéliens selon lequel ils ne s'engageraient pas dans des opérations durant le ramadan, afin de nous donner le temps de faire sortir tous les otages" retenus par le Hamas depuis le 7 octobre, a déclaré lundi Joe Biden à la télévision américaine NBC.
La communauté internationale s'inquiète notamment des conséquences potentiellement désastreuses d'une prochaine offensive terrestre annoncée par Israël sur la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de Gaza, où sont réfugiés, selon l'ONU, près d'un million et demi de Palestiniens, piégés contre la frontière fermée avec l'Égypte.
Les principales informations :
- Selon Joe Biden, Israël aurait accepté de cesser ses opérations militaires à Gaza pendant le ramadan, afin de permettre la libération de tous les otages du Hamas
- Benjamin Netanyahu affirme que Rafah est le "dernier bastion" du Hamas
- Le bilan grimpe à 29.878 morts à Gaza depuis le début de l'offensive israélienne, selon le Hamas
Un cessez-le-feu "Pas encore fait"
"J'ai espoir que d'ici lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu", avait déclaré plus tôt Joe Biden. "Mon conseiller à la sécurité nationale me dit que nous sommes proches, ce n'est pas encore fait", a-t-il nuancé. Un responsable israélien a déclaré au site d'information Ynet que "la tendance est positive", sous couvert d'anonymat. Tamim ben Hamad Al-Thani, l'émir du Qatar, pays au centre des efforts de négociations et qui héberge la direction politique du Hamas, entame mardi une visite d'État de deux jours à Paris où il doit rencontrer le président français, Emmanuel Macron.
Selon l'agence de presse officielle du Qatar, l'émir vient de rencontrer le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Doha et a discuté avec lui des efforts "visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat et permanent". Mais Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche qu'Israël lancerait prochainement une opération terrestre contre Rafah, permettant selon lui une "victoire totale" sur le Hamas en "quelques semaines". Une trêve ne ferait que "retarder" cette offensive, a-t-il souligné.
Benjamin Netanyahu affirme que Rafah est le "dernier bastion" du Hamas, quatre mois après le début de l'offensive au sol, accompagnée de bombardements meurtriers, lancée le 27 octobre dans le nord de Gaza puis étendue progressivement vers le sud. L'armée a présenté lundi au cabinet de guerre "un plan pour l'évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d'opérations à venir", selon le bureau du Premier ministre, sans donner de détail sur le lieu où les civils pourraient se réfugier.
La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas ont lancé une attaque sans précédent sur le sud d'Israël, entraînant la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël lors d'une trêve fin novembre.
Le bilan humain s'alourdit, selon le Hamas
En représailles à l'attaque, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère, de même que les États-Unis et l'Union européenne, comme une organisation terroriste. L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent 29.878 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas qui a dénombré mardi 96 morts en 24 heures. L'armée de son côté a annoncé "mener des opérations ciblées" notamment à Zeitun, dans le nord, et dans le centre du territoire.
Une offensive sur Rafah "sonnerait le glas" des programmes d'aide humanitaire à Gaza
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a averti lundi qu'une offensive sur Rafah "sonnerait le glas" des programmes d'aide humanitaire à Gaza. Cette ville est l'unique point d'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire, où 2,2 millions de personnes, selon l'ONU, sont menacées de famine. L'aide entre en quantité très insuffisante depuis l'Égypte, soumise au feu vert d'Israël, et son acheminement vers le nord de Gaza est presque impossible en raison des destructions et des combats. Des Palestiniens de Gaza ont raconté à l'AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d'abattre des animaux de trait pour se nourrir alors que les rares convois d'aide atteignant le nord sont pillés par la population.
"Nous mourrons de faim", a lancé à l'AFP Abdallah Al-Aqra, 40 ans, réfugié à Gaza-ville. Il a affirmé que l'armée avait tiré dimanche "sur les gens affamés qui tentaient d'avoir de la farine" apportée par un camion d'aide. Le Premier ministre israélien est confronté à une pression croissante de l'opinion publique sur le sort des otages et les manifestations contre son gouvernement ont repris. Mardi, les électeurs israéliens ont commencé à voter aux élections municipales, prévues initialement fin octobre mais reportées à deux reprises en raison de la guerre.