Israël-Hamas : ce qu"il faut retenir au 144e jour du conflit

© ashraf amra / ANADOLU / Anadolu via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 144e jour du conflit entre Israël et le Hamas, le mouvement terroriste a annoncé que le nombre victime dans la bande de Gaza avait dépassé le seuil des 30.000, selon un dernier bilan. Les combats se poursuivent, alors qu'Israël a promis d'éliminer le Hamas après l'attaque meurtrière du 7 octobre dernier. 
L'ESSENTIEL

Le Hamas a annoncé jeudi que le nombre de morts dans la bande de Gaza était de "plus de 30.000" depuis le début du conflit avec Israël déclenché le 7 octobre. "Le nombre de martyrs (tués, ndlr) est de plus de 30.000", a indiqué le ministère dans un communiqué, en faisant état d'au moins 79 nouvelles morts dans des frappes israéliennes nocturnes. Ce bilan est communiqué alors que les principaux médiateurs dans la guerre, les États-Unis et le Qatar, disent espérer obtenir une trêve permettant la libération d'otages détenus à Gaza avant le début du ramadan, le mois de jeûne sacré musulman qui commence autour du 11 mars.

Les principales informations : 

  • Au moins 30.000 personnes sont décédées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023
  • Plus de 100 personnes ont été tuées à Gaza pendant une distribution d'aide humanitaire, selon le Hamas, qui accuse l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur la foule
  • 2,2 millions de personnes sont menacée d'une "famine de masse" dans la bande de Gaza, selon l'ONU
  • La "victoire totale" sur le Hamas ne serait qu'une question de "quelques semaines", selon Benjamin Netanyahu
  • Une trêve pourrait se tenir avant le Ramadan

Joe Biden a échangé avec les dirigeants qatari et égyptien sur un cessez-le-feu à Gaza

Joe Biden a échangé jeudi avec l'émir du Qatar et le président de l'Egypte sur un accord pour un cessez-le-feu "immédiat et durable" d'au moins six semaines dans la bande de Gaza, en échange de la libération des otages, a dit la Maison Blanche dans un communiqué.

Lors d'appels distincts à l'émir Tamim ben Hamad al-Thani et au président Abdel Fattah al-Sissi, le président américain a également évoqué l'épisode "tragique et alarmant" de la distribution d'aide alimentaire jeudi dans la ville de Gaza durant laquelle des soldats israéliens ont ouvert le feu, engendrant une scène de chaos qui a coûté la vie à plus de 100 personnes selon le Hamas.

"Plus de 25.000" femmes et enfants palestiniens tués depuis le début de la guerre, dit le chef du Pentagone

Plus de 25.000 femmes et enfants palestiniens ont été tués dans la campagne militaire menée par Israël dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre, a déclaré jeudi le chef du Pentagone Lloyd Austin.

"C'est plus de 25.000", a-t-il dit devant une commission parlementaire en réponse à une question sur le bilan des femmes et enfants tués dans la guerre, lancée en représailles à l'attaque du Hamas sur le sol israélien.

Deux Israéliens tués dans une attaque en Cisjordanie occupée

Deux Israéliens ont été tués par balles jeudi dans une attaque près de la colonie d'Ely dans le nord de la Cisjordanie occupée, selon les services de secours israéliens. "Des secouristes ont constaté le décès de deux hommes, un d'environ 40 ans et un autre d'environ 20 ans", a annoncé le Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix-Rouge. Selon l'armée israélienne, un "terroriste arrivé à la station-service d'Ely a ouvert le feu" avant d'être "neutralisé".

"Probablement" pas de cessez-le-feu à Gaza d'ici lundi, affirme Biden

Le président américain Joe Biden, qui avait dit cette semaine espérer un cessez-le-feu à Gaza d'ici lundi, est revenu jeudi sur son affirmation, déclarant que cette pause des hostilités ne se produirait "probablement pas d'ici" cette date.

Les Etats-Unis examinent également des "versions contradictoires" de la tuerie ayant eu lieu jeudi lors d'une distribution d'aide à Gaza, a déclaré le président américain à la presse au moment de son départ de la Maison Blanche pour un déplacement à la frontière avec le Mexique.

1,7 million de Palestiniens ont fui leur pays

La guerre, qui a transformé le territoire palestinien en "zone de mort" selon l'ONU, est déjà, et de très loin, la plus meurtrière des cinq conflits ayant opposé Israël au Hamas depuis que ce dernier a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Au quotidien, les civils paient le prix le plus lourd des combats et des bombardements qui n'ont épargné aucune zone, ont dévasté des quartiers entiers et forcé 1,7 million de Palestiniens sur les 2,4 millions d'habitants à fuir leurs foyers.

"Pour moi, il s'agit d'un génocide. Qui bombarde une tour sur des résidents, notamment des civils, des enfants et des femmes ?", a témoigné Jihad Salha, un Palestinien déplacé que l'AFP a rencontré dans un camp de fortune à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a causé la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens lors d'une trêve fin novembre.

Des tirs israéliens lors d'une distribution d'aide à Gaza font une centaine de morts, selon le Hamas

Plus de cent Palestiniens ont été tués jeudi à Gaza pendant une distribution d'aide humanitaire qui a tourné au chaos, a annoncé le Hamas en accusant les soldats israéliens d'avoir ouvert le feu sur une foule affamée, alors que la guerre a déjà fait plus de 30.000 morts dans le territoire menacé de famine.

Des sources israéliennes ont confirmé que des soldats, se sentant "menacés", avaient tiré à balles réelles mais nié que ces tirs soient responsables de ce bilan. L'armée a fait état de "dizaines de morts et de blessés", bousculés ou piétinés par la foule qui a "encerclé les camions et pillé" les cargaisons.

Jeudi, un médecin de l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, dans le nord, a annoncé que les soldats avaient tiré sur "des milliers de citoyens" qui se précipitaient vers des camions d'aide. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un bilan de 104 morts et 760 blessés. Des témoins ont raconté à l'AFP des scènes pendant lesquelles des milliers de personnes se sont précipitées vers des camions d'aide dans un rond-point de l'ouest de la ville.

"La famine se profile"

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère, de même que les États-Unis et l'Union européenne, comme une organisation terroriste. Jeudi, la Nouvelle-Zélande, l'un des derniers pays occidentaux à ne pas l'avoir fait, a annoncé qu'elle désignerait désormais elle aussi "l'intégralité du Hamas", c'est-à-dire y compris la branche politique, comme "entité terroriste". Après avoir mené une campagne de bombardements par terre, mer et air, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire en progressant vers le sud. Depuis, elle a perdu 242 soldats.

Dans le territoire assiégé depuis le 9 octobre par Israël, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine selon l'ONU, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l'acheminement de l'aide. L'ONU a aussi dénoncé des entraves imposées par Israël qui contrôle l'entrée des aides en provenance d'Égypte. D'après l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), les besoins humanitaires sont "illimités".

"La famine se profile. Les hôpitaux se sont transformés en champs de bataille. Un million d'enfants font face à un traumatisme quotidien", a-t-elle souligné. Selon le Hamas, sept enfants sont morts "de déshydratation et de malnutrition" à l'hôpital Al-Chifa de Gaza-ville (nord), et sept autres à l'hôpital Kamal Adwan, également dans le nord. La communauté internationale s'inquiète aussi d'une prochaine offensive terrestre israélienne sur Rafah, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l'ONU, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée de l'Égypte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir y vaincre le Hamas dans son "dernier bastion". Il a affirmé qu'une trêve ne ferait que "retarder" une telle offensive tout en assurant que les civils seraient évacués hors des zones de combat. Cible de bombardements israéliens quotidiens, Rafah, qui comptait 270.000 habitants avant la guerre, est le principal point d'entrée de l'aide à Gaza, qui arrive en quantité très limitée. L'Agence américaine pour le développement international (USAID) affirme discuter avec les responsables palestiniens de l'ouverture de "beaucoup plus de points de passage". "C'est une question de vie ou de mort", a dit son administratrice, Samantha Power, sur le réseau social X.

Une trêve avant le ramadan ?

Face à cette guerre dévastatrice, le Qatar, les États-Unis et l'Égypte tentent d'arracher un accord de trêve portant sur une pause des combats de six semaines, durant laquelle un otage, parmi des femmes, mineurs et personnes âgées malades, serait échangé chaque jour contre dix Palestiniens détenus par Israël, selon une source du Hamas. Lundi, le président américain Joe Biden a évoqué "un accord des Israéliens selon lequel ils ne s'engageraient pas dans des opérations durant le ramadan" afin de "faire sortir tous les otages". "J'ai espoir que d'ici lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu", a-t-il dit, tout en soulignant que ce n'était "pas encore fait".

Réclamant de leur gouvernement un accord pour libérer les otages, quelque 150 Israéliens ont lancé une marche de quatre jours depuis Reim dans le sud d'Israël jusqu'à Jérusalem. "Il n'y aura pas de victoire si nos citoyens restent en captivité", a affirmé à l'AFP l'un d'entre eux, Niv Cohen, survivant des attaques du 7 octobre. Sur le plan diplomatique, des représentants de factions palestiniennes, y compris les mouvements rivaux du Hamas et du Fatah, se trouvent ce jeudi à Moscou pour des entretiens avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.