Israël-Hamas : l'État hébreu cible le centre de Gaza, nouveaux efforts internationaux pour une trêve

© Dawoud Abo Alkas / ANADOLU / Anadolu via AFP
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : Dawoud Abo Alkas / ANADOLU / Anadolu via AFP

Les opérations militaires israéliennes se concentrent ces derniers jours dans le centre de la bande de Gaza, après avoir touché surtout Rafah, dans le sud, où l'armée a lancé début mai une offensive terrestre. En parallèle, les médiateurs redoublent d'efforts pour arracher un cessez-le-feu.

Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie israéliens ont ciblé mercredi le centre de la bande de Gaza, où la guerre entre Israël et le Hamas palestinien va entrer dans son neuvième mois pendant que les médiateurs redoublent d'efforts pour arracher un cessez-le-feu. Les opérations militaires israéliennes se concentrent ces derniers jours dans le centre du territoire palestinien, après avoir touché surtout Rafah, dans le sud, où l'armée a lancé début mai une offensive terrestre, présentée par Israël comme l'étape finale de sa guerre contre le Hamas déclenchée après une attaque sans précédent du mouvement islamiste sur le sol israélien le 7 octobre.

Les principales informations :

  • Le centre de la bande de Gaza ciblé par des frappes aériennes et des tirs d'artillerie israéliens
  • L'hôpital al-Aqsa de Deir al-Balah a reçu depuis mardi "au moins 70 morts et plus de 300 blessés", a déclaré Médecins sans Frontières
  • L'Égypte, les Etats-Unis et le Qatar poursuivent leurs efforts pour tenter de convaincre les belligérants de conclure un cessez-le-feu
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'Israël était "prêt pour une opération très intense" à la frontière avec le Liban

"Situation insoutenable" dans les hôpitaux de la bande de Gaza

Chargeant leurs maigres affaires sur des véhicules, charrettes et fauteuils roulants, des déplacés ont fui mercredi le camp palestinien d'al-Boureij en quête d'un lieu sûr, ont rapporté des correspondants de l'AFP. Au cours de la nuit, une frappe près de l'entrée du camp et des tirs d'artillerie au sud-est de Deir al-Balah, à proximité, ont fait plusieurs morts, selon des témoins.

L'hôpital al-Aqsa de Deir al-Balah a reçu depuis mardi "au moins 70 morts et plus de 300 blessés, en majorité des femmes et des enfants, à la suite des frappes israéliennes sur les zones centrales de la bande de Gaza", a déclaré Médecins sans Frontières sur X.

"L'odeur du sang dans la salle des urgences ce matin était insupportable. Il y a des gens étendus partout, sur le sol, dehors. Des corps étaient apportés dans des sacs en plastique. La situation est insoutenable", a déclaré Karin Huster, coordinatrice de MSF pour Gaza. D'après des sources hospitalières et la Défense civile, au moins 11 personnes ont été tuées pendant la nuit dans le secteur.

Des efforts toujours en cours pour conclure un cessez-le-feu

L'armée israélienne a confirmé mener des opérations à al-Boureij et Deir al-Balah, affirmant avoir "éliminé" plusieurs membres du Hamas. Après bientôt huit mois de guerre, l'Egypte, les Etats-Unis et le Qatar, qui jouent le rôle de médiateurs, poursuivent leurs efforts pour tenter de convaincre les belligérants de conclure un cessez-le-feu, quelques jours après l'annonce du président américain, Joe Biden, d'une feuille de route proposée selon lui par Israël.

Celle-ci prévoit, dans un premier temps, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages emmenés dans le territoire palestinien lors de l'attaque du Hamas en Israël, ainsi que de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Le directeur de la CIA, William Burns, est attendu mercredi à Doha, pour "continuer à œuvrer avec les médiateurs à conclure un accord" de cessez-le-feu, d'après une source proche des négociations. Al-Qahera News, un média proche du renseignement égyptien, a indiqué qu'une délégation égyptienne rencontrerait mercredi ses homologues qatari et américain à Doha, citant une source haut placée. Selon le site américain Axios, le conseiller spécial de Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, est attendu au Caire.

En bref

La guerre a été déclenchée par l'attaque menée sur le sud d'Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Sur les 251 personnes emmenées comme otages le jour de l'attaque, 120 sont toujours détenues à Gaza, dont 41 sont mortes selon l'armée israélienne. Une trêve en novembre avait permis la libération d'une centaine d'otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

En réponse à l'attaque, l'armée israélienne a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Au moins 36.586 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués depuis le début de la guerre, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, dont 36 en 24 heures.

Les exigences contradictoires des deux camps laissent peu d'espoir de voir le plan annoncé par Joe Biden se concrétiser. Le Hamas insiste pour un "cessez-le-feu permanent", tandis qu'Israël assure vouloir détruire le mouvement palestinien, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Dans la nuit de mardi à mercredi, le cabinet de guerre israélien a décidé de demander aux Etats-Unis des garanties pour pouvoir poursuivre la guerre si le Hamas violait l'accord, selon la télévision publique israélienne Kan.

Israël "prêt pour une opération très intense" à la frontière avec le Liban

Sur le plan humanitaire, l'offensive israélienne sur Rafah a entraîné la fermeture du point de passage avec l'Egypte, essentiel au passage de l'aide internationale vers le territoire assiégé qui comptait au début de la guerre 2,4 millions de Palestiniens. L'armée israélienne a dit mercredi poursuivre ses activités dans la zone de Rafah, où des affrontements entre les forces israéliennes et des groupes armés palestiniens ont eu lieu dans le centre de la ville, selon des témoins.

"Les conditions sont catastrophiques à Rafah, où l'armée israélienne s'emploie à détruire (...) tout ce qui permet de vivre dans ces zones et dans la bande de Gaza en général", a assuré à l'AFP Moustafa Ibrahim, un déplacé palestinien de 60 ans.

Le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense chargée de gérer les affaires civiles dans les territoires palestiniens, a indiqué mardi que le terminal israélien de Kerem Shalom, autre passage vers la bande de Gaza, était à "pleine capacité". "Nous ne sommes même pas près du niveau où nous devons être", a toutefois déploré sur X le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

Sur un autre front, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé mercredi qu'Israël était "prêt pour une opération très intense" à la frontière avec le Liban , où le mouvement islamiste libanais Hezbollah échange quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne, en soutien au Hamas. Lundi, des tirs de roquettes et de drones du Hezbollah avaient provoqué plusieurs incendies dans le nord d'Israël.