Un cadre du Syndicat des journalistes palestiniens, Omar Nazzal, a annoncé mardi avoir été libéré par la justice militaire israélienne à l'issue de dix mois de détention sans avoir été informé des charges qui pesaient contre lui.
Après dix mois en prison, 13 audiences devant la justice militaire israélienne, la seule qui juge les Palestiniens des Territoires occupés, Omar Nazzal, 54 ans, n'a pu obtenir qu'"une accusation générale: danger pour la sécurité de la région". "Mais quand mon avocat a demandé des détails, il s'est heurté au refus des juges et des procureurs militaires", affirme-t-il.
Pas d'accusation notifiée. Omar Nazzal avait été arrêté le 23 avril à la frontière entre la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, et la Jordanie, d'où il devait prendre l'avion pour se rendre à un Congrès de la Fédération européenne des journalistes en Bosnie. Il a ensuite été placé en détention administrative, un régime extra-judiciaire hérité des lois d'urgence du mandat britannique sur la Palestine qui permet à Israël de garder en détention des suspects pour des périodes renouvelables indéfiniment et sans avoir à leur notifier d'accusation ou à fournir le dossier à leur avocat.
Une atteinte à la liberté de la presse. Les Palestiniens estiment qu'il s'agit d'une atteinte supplémentaire à la liberté de la presse de la part d'Israël et plusieurs organisations internationales avaient appelé à sa libération. L'armée israélienne assure que Omar Nazzal est incarcéré "en raison de sa participation à une organisation terroriste", le parti de gauche palestinien du Front populaire de libération" de la Palestine (FPLP), et non "pas du fait de ses activités en tant que journaliste".
L'ONU appelle régulièrement à "juger ou libérer immédiatement" les prisonniers placés par Israël en détention administrative qui sont actuellement au nombre de 530, selon le Club des prisonniers palestinien. Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, une vingtaine de journalistes ou étudiants en journalisme sont détenus par Israël, dont l'un depuis plus de 20 ans. L'un d'eux, Mohammed al-Qiq, mène depuis 16 jours une grève de la faim qui met sa santé en danger, selon ses soutiens.