Il incarnait depuis 2009 la politique et extérieure d'Israël, au gré des annonces fortes et des controverses. Mais pour Benjamin Netanyahou, Premier ministre de l'État hébreu depuis douze ans, tout cela s'est terminé dimanche, avec l'arrivée à la tête du gouvernement de son ancien allié, Naftali Bennett. Écarté du pouvoir, contesté au sein de son parti, le Likoud, "Bibi" n'a pas abdiqué et recherche désormais à revenir aux affaires, selon Frédérique Schillo, historienne, spécialiste d’Israël et des relations internationales.
Une "rébellion" au sein du Likoud ?
Invitée de Patrick Cohen sur Europe 1, lundi, l'experte estime que la capacité de nuisance de Benjamin Netanyahou reste "extrêmement forte". "Il ne sait pas quitter le pouvoir et ne veut d'ailleurs pas quitter le pouvoir. Il va rester chef de l'opposition", considère-t-elle.
Sa première bataille sera donc celle de la légitimité au sein de sa formation politique. "Il faudra d'abord empêcher la rébellion à l'intérieur du Likoud. Aujourd'hui, les appétits sont aiguisés. Voyant que tous ses anciens alliés sont aujourd'hui au gouvernement, les membres du Likoud voudraient le voir partir et souhaiteraient que Benjamin Netanyahou s'occupe de son procès", observe Frédérique Schillo.
Agenda judiciaire chargé
Un procès est actuellement en cours au tribunal de Jérusalem, où l'ancien Premier ministre est inculpé* pour "corruption", "fraude" et "abus de confiance" dans plusieurs affaires. L'ex-Premier ministre est, entre autres, accusé d'avoir perçu des cadeaux (champagne, bijoux, cigares) de riches personnalités, d'avoir tenté de s'assurer une couverture favorable auprès du plus grand quotidien payant israélien, le Yediot Aharonot, et d'avoir favorisé un magnat des télécommunications dans un but similaire.
Cela ne semble pas dissuader Benjamin Netanyahou, âgé de 71 ans, de vouloir malgré tout revenir au centre du jeu politique. "Il s'accroche toujours au pouvoir et veut absolument faire tomber ce gouvernement. Il a dit que demain, il est prêt, évidemment, à remplacer Naftali Bennett." Peut-il y parvenir, dans un contexte délicat, avec une stabilité institutionnelle difficile à trouver ? "C'est vrai que ce gouvernement ne tient qu'à un fil. Il a obtenu le vote de confiance avec simplement 60 députés contre 59. Or, les crises vont sans doute être nombreuses." Une aubaine pour "Bibi" ?
*Le terme 'inculpation/inculpé' n'existe plus dans la procédure judiciaire française mais est toujours employé en Israël. Europe1.fr a choisi de conserver le terme employé par les autorités judiciaires locales.