Le ministère israélien de l'Éducation a provoqué une levée de boucliers en excluant du programme de littérature des lycéens un roman racontant une histoire d'amour entre un Palestinien et une Israélienne. La mise au ban de l'ouvrage de Dorit Rabinyan, publié il y a un an et demi en hébreu sous le titre "Haie", est motivée par un réflexe identitaire et la peur de l'assimilation entre juifs et Palestiniens, écrivait jeudi la presse israélienne.
"Une menace pour une identité séparée". Les services du ministre de l'Éducation Naftali Bennett, chef de file du parti nationaliste religieux Foyer Juif, se sont contentés de confirmer que le livre avait été écarté des ouvrages étudiés en sections littéraires au lycée, sans fournir d'autres détails.
Mais la responsable du ministère à l'origine de la décision, Dalia Fenig, citée dans la presse israélienne, a invoqué le danger que le livre soit perçu comme encourageant l'"assimilation". "Les relations intimes, et encore plus la possibilité de les institutionnaliser en se mariant et en fondant une famille - même si ce n'est pas le cas dans l'histoire - entre des juifs et des non-juifs sont considérées par de larges segments de la société comme une menace pour une identité séparée", a-t-elle dit pour justifier sa décision.
Les enseignants favorables. Le roman raconte l'histoire de Liat, une traductrice israélienne, et Hilmi, un artiste palestinien, qui tombent amoureux à New York. Le ministère est passé outre une forte demande des enseignants pour que le livre soit inscrit au programme. Cette décision a provoqué l'indignation de plusieurs auteurs israéliens de premier plan et de personnalités politiques. Les politiques et les décisions de l'actuel gouvernement de Benjamin Nétanyahou, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, ont donné lieu à plusieurs vives controverses avec les milieux culturels depuis sa prestation de serment en mai 2015.