Israël a annoncé dimanche son intention de fermer les bureaux de la chaîne d'information qatarie Al Jazeera accusée d'avoir encouragé les récentes violences autour des lieux saints à Jérusalem et de servir les intérêts des ennemis de l'Etat hébreu. La chaîne de télévision qui diffuse largement à l'international a dénoncé cette mesure "grave (...) de la part d'un État qui prétend être la seule démocratie du Moyen-Orient" et a annoncé qu'elle allait contester en justice ces mesures visant à la réduire au silence en Israël.
"Le principal outil de Daech". Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé fin juillet son intention d'expulser Al Jazeera, accusée d'avoir attisé les tensions sur l'Esplanade des mosquées, lieu symbolique du conflit israélo-palestinien. Dimanche, le ministre israélien des Communications, Ayoub Kara, a affirmé qu'Al Jazeera est "devenue le principal outil de Daech, du Hamas, du Hezbollah et de l'Iran". Il a soutenu qu'Al Jazeera "a incité à la violence ce qui a provoqué des pertes parmi les meilleurs de nos fils", en faisant allusion aux deux policiers israéliens tués le 14 juillet aux abords de l'esplanade des Mosquées par trois arabes israéliens.
Procédures suspensives engagées. "Ces derniers temps, presque tous les pays de la région notamment l'Arabie Saoudite, l'Égypte et la Jordanie sont parvenus à la conclusion qu'Al Jazeera incite au terrorisme et à l'extrémisme religieux, il était aberrant dans ces conditions que cette chaîne continue à émettre" à partir d'Israël, a ajouté le ministre. Parmi les mesures envisagées figurent l'annulation des accréditations des journalistes ainsi qu'un arrêt des liaisons par câbles et satellitaires, a précisé le ministre. Une procédure va être également engagée par le ministre de la Sécurité intérieure en vue de la fermeture des bureaux de la chaîne à Jérusalem-ouest.
Le chef du bureau de la chaîne à Jérusalem Waleed al Omari a indiqué qu'il n'avait reçu pour le moment "aucune notification officielle" autre que les déclaration du ministre sur une éventuelle fermeture. Il a dénoncé l'annonce d'Ayoub Kara en affirmant qu'elle a eu lieu "apparemment parce que Netanyahu veut détourner l'attention de toutes les affaires" dans lesquelles il est impliqué. Une allusion aux soupçons de corruption présumée dans deux affaires alors que la pression judiciaire s'est accentuée ces derniers temps autour du Premier ministre israélien.
Dans le viseur d'autres pays. A Doha, un responsable de la chaîne a nié toute partialité, soulignant que la couverture "des évènements dans les territoires palestiniens est professionnelle et objective". Al Jazeera est aussi dans le collimateur de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et de l'Egypte qui ont rompu avec le Qatar le 5 juin. Ils accusent l'émirat de "soutenir le terrorisme" mais surtout de se rapprocher de leur grand rival régional l'Iran. L'accès à Al Jazeera, fondée il y a plus de 20 ans par le gouvernement du Qatar, a été bloqué dans ces pays. Ils ont également exigé du Qatar de fermer cette chaîne, une demande jugée "inacceptable" par le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme car "compromettant la liberté d'information".