Cesare Battisti, ex-activiste d'extrême gauche condamné en Italie à la perpétuité pour quatre meurtres commis dans les années 70, a reconnu pour la première fois sa responsabilité dans ces crimes ainsi que l'erreur de la lutte armée.
Des aveux et des excuses
"Tout ce qui a été établi lors de ces sentences est vrai", a déclaré Cesare Battisti, 64 ans, selon le procureur de Milan qui l'a interrogé ce weekend, Alberto Nobili, cité lundi par les médias italiens. L'ex-militant d'extrême gauche, réfugié en France pendant 15 ans, puis au Brésil, et capturé en janvier en Bolivie, a également présenté ses excuses aux familles des victimes et reconnu l'erreur de la lutte armée, a-t-il expliqué.
"La lutte armée a empêché le développement d'une révolution culturelle, sociale et politique qui, à partir des événements de 68, aurait été absolument positive", a-t-il déclaré depuis la prison de Sardaigne où il purge une peine de prison à vie. Jamais depuis sa condamnation par contumace en 1981, Cesare Battisti n'avait reconnu sa responsabilité pour ces crimes, au sein de l'organisation Prolétaires armés pour le communisme (PAC).
"Nous nous attendons à ce que ces pseudo intellectuels de gauche, qui ont pendant des années dorloté cet assassin, présentent aussi des excuses", a commenté le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini lors d'une conférence de presse.
Plus de 25 ans après sa condamnation
L'ancien activiste avait été condamné en 1993 par contumace à la perpétuité en Italie pour le meurtre trois ans plus tôt d'Antonio Santoro, un gardien de prison, et celui en 1979 d'Andrea Campagna, un chauffeur de la police. Il avait aussi été condamné pour complicité dans le meurtre en 1979 d'un bijoutier, Pier Luigi Torregiani. Le fils de la victime, Alberto, 15 ans à l'époque, grièvement blessé au cours de cette attaque, était devenu tétraplégique.
L'ancien activiste a aussi été condamné pour complicité du meurtre la même année d'un boucher, Lino Sabbadin. Ces deux commerçants avaient été choisis parce qu'ils s'étaient défendus lors d'une tentative de vol.
Pendant son séjour en France de 1990 à 2004, Cesare Battisti avait bénéficié de la protection du président socialiste de l'époque, François Mitterrand, qui s'était engagé à n'extrader aucun militant d'extrême gauche acceptant de renoncer à la lutte armée. Mais en 2004, le gouvernement du président Jacques Chirac avait décidé de mettre fin à la "jurisprudence Mitterrand" et d'extrader Battisti. Celui-ci s'était alors enfui au Brésil sous une fausse identité avec, selon lui, l'aide des services secrets français.