Les migrants recueillis en Méditerranée par le navire humanitaire Open Arms ont débarqué dans la nuit de mardi à mercredi sur l'île italienne de Lampedusa, en application d'une décision de justice prise compte tenu des fortes tensions à bord après des jours de sur-place à quelques encâblures de la côte. Après une inspection de la police judiciaire et de deux médecins, le procureur d'Agrigente, Luigi Patronaggio, a décidé que les rescapés devaient être débarqués sur la petite île italienne, alors même que l'Espagne venait de faire appareiller un navire militaire pour les récupérer. Le procureur a ordonné la mise sous séquestre de l'Open Arms, de l'organisation humanitaire espagnole du même nom. L'annonce du débarquement a suscité des explosions de joie sur le bateau.
Des vidéos diffusées par des personnes présentes à bord ont montré migrants et sauveteurs s'embrasser et applaudir. Une journaliste du quotidien El Pais à Lampedusa a raconté que certains, à bord, ont entonné le chant de révolte des partisans italiens, "Bella Ciao", alors que le navire entrait dans le port. Après être descendus un à un le long de la passerelle, parfois en boîtant, et avoir subi un bref contrôle médical, les migrants ont été conduits vers un centre d'accueil à bord de camionnettes, a-t-elle témoigné.
Dix-neuf jours à bord
L'interminable attente face à la côte toute proche, qui avait commencé jeudi, a provoqué des gestes désespérés de la part des migrants entassés à bord du navire. Mardi, quinze d'entre eux, certains sans gilets de sauvetage, s'étaient jetés par dessus-bord pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage. Selon une porte-parole de l'ONG Open Arms, ils ont été "secourus" par les garde-côtes italiens et amenés sur l'île.
L'Open Arms comptait 147 migrants à bord à son arrivée près de Lampedusa jeudi, et un peu plus de 80 après l'évacuation vers l'île de plusieurs personnes ayant sauté à l'eau mardi et de plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ces derniers jours. Stationnés depuis jeudi à quelques centaines de mètres des côtes de Lampedusa, ces migrants s'étaient vu refuser l'accès de l'île par les autorités italiennes, bien que six pays européens (France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne) se soient engagés à les accueillir. Certains de ces migrants secourus au large de la Libye par l'ONG ont passé 19 jours à bord, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3 fin décembre avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier.