Les organisateurs espéraient jusqu’à un million de personnes. Ils ont dû se contenter de « seulement) quelques dizaines de milliers de manifestants. Mais la démonstration de force était bel et bien là, alors que le Parlement discute actuellement d’une proposition de loi autorisant les unions civiles pour les couples de même sexe. L'Italie est le dernier grand pays d'Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples homosexuels.
"Il est interdit de mettre la famille à la casse". "Le plus de monde possible doit participer, souvenez-vous que c'est la seule arme dont nous disposons !", avait lancé vendredi l'organisateur de ce "Family Day", Massimo Gandolfini. Plusieurs orateurs se sont succédé tout au long de l'après-midi sur le podium où une immense banderole affichait : "Il est interdit de mettre la famille à la casse". Le chef du gouvernement, Matteo Renzi, qui soutient la proposition de loi sur les unions civiles, a fait de la "mise à la casse" de la vieille Italie l'un de ses slogans préférés.
Les opposants à la proposition de loi Cirinna, du nom de la sénatrice qui la porte depuis des années, se défendent de toute homophobie et affirment vouloir surtout défendre les droits et l'avenir des enfants, qui, affirment-ils, ont besoin d'un père et d'une mère – ce qui rappelle les débats lors du mariage pour tous en France.
Ludovine de La Rochère est venue apporter son soutien. En l'état actuel, le texte, issu d'une médiation parlementaire, prévoit d'instaurer une union enregistrée par un officier d'état-civil entre personnes du même sexe, qui s'engagent à une vie commune dans la fidélité et à une assistance morale et matérielle réciproque. Mais ce sont les mesures supplémentaires qui posent problème: la possibilité de bénéficier d'une pension de réversion et surtout celle d'adopter les enfants naturels de son conjoint. "Faire volontairement des orphelins de père ou de mère : ça n'est humainement pas acceptable", avait ainsi expliqué vendredi à Rome Ludovine de La Rochère, présidente de la "Manif pour Tous" en France, venue avec une dizaine d'autres sympathisants apporter son soutien au "Family Day" italien.
L’opinion publique hésitante. Les alliés de centre-droit de M. Renzi, son ministre de l'Intérieur Angelino Alfano en tête, rejettent catégoriquement l'adoption de l'enfant du conjoint, de même que la frange catholique du Parti démocrate (PD, majorité), qui menace de réclamer un référendum abrogatif si la loi passe en l'état. Pour l'instant, les sondages, assez fluctuants, montrent une opinion publique partagée sur la question des unions civiles, mais fortement opposée aux adoptions par des couples de même sexe.