A quatre mois des jeux olympiques, du 5 au 21 août prochain au Brésil, le pays est secoué par une grave crise politique. Une commission parlementaire se rassemble lundi pour voter l'éventuelle destitution de la présidente Dilma Rousseff. Les difficultés économiques s’accumulent également dans le pays et du coup, la population ne se passionne pas pour la compétition. Dans le quartier de Deodoro, l'un des quatre pôles de la périphérie de Rio qui va accueillir la grande compétition sportive, la population, même si elle vit à côté des installations, n'a pas la tête aux Jeux.
Les billets ne sont pas vendus. Seulement la moitié des billets réservés aux Brésiliens ont, par exemple, été vendus jusqu'à maintenant. Et la situation est pire pour les Jeux paralympiques, pour lesquels seuls 12% des billets ont été vendus. Selon le ministre des Sports brésilien, la population ne s'est pas encore "réveillée". Mais en réalité, c'est une accumulation de difficultés qui découragent la population.
La crainte du virus Zika. A quelques mètres de la fenêtre de Gilberto, dans le quartier de Deodoro, le bruit des travaux est, par exemple, incessant. Jour et nuit, des ouvriers s’activent pour finir la nouvelle ligne de transports pour les Jeux olympiques. En attendant, les déchets, la poussière et les trous dans la route s’accumulent. Et tout autour, les foyers sont inquiets de ces conditions de vie, favorables à la propagation du virus Zika. "Les deux premiers jours, je ne pouvais même plus me lever", raconte Gilberto, qui est tombé malade. "J’avais des douleurs partout dans le corps, c’était horrible. Il y a beaucoup de gens qui habitent dans le quartier, près des travaux, qui ont été infectés par le virus Zika. Encore une fois, ceux qui payent l’addition de ces JO, ce sont les gens les plus pauvres, comme toujours !".
Qui paient l'addition ? A proximité de la maison de Gilberto, vit Edilson, un serrurier du quartier. Lui non plus n’est lui pas très enthousiaste à l'idée des Jeux. Sur sa petite radio, les informations des scandales de corruption ainsi que l'éventuelle destitution de la présidente Dilma Rousseff passent en boucle. "Notre réalité, c'est la corruption. Alors qu'on nous disait que la construction d'une infrastructure était censée coûter deux ou trois milliards, ça finit par nous en coûter dix ou 15. Et la majorité des dépenses vont dans les pots-de-vin des politiques. Les Brésiliens ont de moins en moins d’argent pour payer leurs factures, la nourriture. Comment voulez vous qu’ils aient de l’argent et de la motivation pour ces JO ?", déplore-t-il très énervé. Un avis que partage également un vieil homme, assis sur un banc à côté de Gilberto. Selon lui, "l’héritage doré de l’ex-président Lula est en train de partir en fumée".