L'homme fort du pouvoir conservateur en Pologne, Jaroslaw Kaczynski, a réagi durement aux propos de Bill Clinton sur l'orientation "poutinienne" de Varsovie et de Budapest, en conseillant à l'ancien président américain d'aller voir un médecin. De son côté, le chef de la diplomatie hongroise, a reproché à Bill Clinton d'avoir "insulté" ses compatriotes.
Les propos en question. "La Pologne et la Hongrie, deux pays qui ne seraient pas libres sans les Etats-Unis et la longue Guerre froide, ont décidé maintenant que la démocratie, c'est trop de problèmes", a déclaré Bill Clinton lors d'un meeting électoral de sa femme Hillary dans le New Jersey (nord-est des Etats-Unis), vendredi dernier. "Ils veulent un gouvernement à la Poutine : donnez-moi une dictature autoritaire et gardez les étrangers dehors, cela ne vous rappelle rien ?", a-t-il ajouté. Il faisait allusion au régime de démocratie dirigée instauré par le président russe et que ses critiques taxent d'autoritarisme. L'ancien président américain laissait également entendre que de telles dérives menaçaient les Etats-Unis si Donald Trump accédait à la présidence du pays.
"Il est dans un état qu'il faut faire examiner par des méthodes médicales". Les propos de Bill Clinton, rapportés avec quelque décalage par les médias polonais, ont suscité protestations du côté du gouvernement conservateur et satisfaction dans les rangs de l'opposition qui accuse le pouvoir de s'éloigner de principes démocratiques. "Si quelqu'un affirme qu'aujourd'hui en Pologne il n'y a pas de démocratie, cela veut dire qu'il est dans un état qu'il faut faire examiner par des méthodes médicales", a lancé Jaroslaw Kaczynski mardi soir devant les caméras.
"Il doit nous demander pardon". Il a accusé "les médias et d'autres facteurs" qui "créent un gigantesque malentendu dans le monde". "Cela a peut-être des effets sur l'état d'esprit de l'ex-président des Etats-Unis. Je ne peux pas me l'expliquer autrement", a encore dit le président du parti Droit et Justice (PIS), au pouvoir en Pologne depuis les élections législatives d'octobre dernier. "Il doit nous demander pardon, parce que des déclarations de ce genre sont non seulement infondées, mais aussi tout simplement blessantes", a déclaré la Première ministre polonaise Beata Szydlo.
Les Hongrois également blessés. Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a réagi de son côté dans une déclaration à l'agence MTI, demandant à Bill Clinton de "ne pas insulter" les Hongrois. "Minimiser le combat des Hongrois pour la liberté de cette manière est inacceptable. Evidemment, Bill Clinton sait bien que les Hongrois ont décidé de l'avenir de la Hongrie lors d'élections parlementaires démocratiques. Peut-être qu'il n'aime pas la décision qu'ils ont prise, mais ce n'est pas une raison suffisante pour (...) les insulter", a-t-il dit. L'ambassadrice américaine à Budapest, Colleen Bell, a cherché à réduire la tension, déclarant que Bill Clinton s'était exprimé "à titre privé, faisant état de son opinion personnelle".