Le candidat de l'opposition kényane Raila Odinga, qui rejette sa défaite à la présidentielle, a annoncé dimanche qu'il se prononcerait mardi sur la marche à suivre pour son camp, et a appelé d'ici là ses partisans à ne pas aller travailler. "Nous n'avons pas encore perdu. Nous n'abandonnerons pas. Attendez que j'annonce la marche à suivre" mardi, a déclaré Raila Odinga, au milieu de milliers de partisans en liesse au cœur du bidonville de Kibera, à Nairobi.
"Ne quittez pas vos maisons". "Parce que Jubilee (le parti au pouvoir, ndlr) a ses policiers et soldats partout, ne quittez pas vos maisons demain. N'allez pas au travail demain", a ajouté Raila Odinga, qui s'exprimait en kiswahili et a été acclamé par ses supporteurs. Le président sortant Uhuru Kenyatta a été réélu vendredi pour un second mandat de 5 ans avec 54,27% des voix, contre 44,74% à Raila Odinga, selon les résultats officiels. Mais l'opposition conteste ces résultats et dénonce une "mascarade" électorale. Des scènes de violence et de pillage circonscrites à quelques bastions de l'opposition, dans l'ouest du pays et les bidonvilles de Nairobi, ont éclaté dès la proclamation de la victoire d'Uhuru Kenyatta.
16 morts selon un nouveau bilan. Ces violences ont fait au moins 16 morts entre vendredi soir et samedi soir - neuf dans les bidonvilles de Nairobi, dont une fillette de 9 ans, et sept dans l'ouest du pays - selon un bilan établi par l'AFP de sources policières et hospitalières. "Nous avions prévu qu'ils voleraient (l'élection) et commenceraient à tuer des innocents. C'est ce qu'ils ont fait", a ajouté Raila Odinga, après avoir demandé que soit respectée une minute de silence en mémoire des morts.
Ce nouveau bilan de 16 morts, compilé par l'AFP, prend en compte sept nouveaux décès, survenus dans les violences depuis vendredi soir. "Ce sont des gens qui ont été tués dans des confrontations avec les policiers depuis vendredi soir", a précisé un responsable de la police locale, ayant requis l'anonymat. Il a ajouté que "plusieurs personnes" (au moins 8) avaient été hospitalisées dans la région pour diverses blessures. Le ministre de l'Intérieur kényan a de son côté certifié samedi que la police n'avait pas fait un "usage disproportionné de la force" et imputé les violences à des "éléments criminels qui ont tenté de prendre avantage de la situation, en pillant et détruisant des propriétés".