L'opposition au Kenya va saisir la Cour Suprême pour contester la réélection du président Uhuru Kenyatta qu'elle estime entachée de fraudes, a annoncé mercredi à la presse son leader Raila Odinga, après avoir dans un premier temps écarté cette option.
Accusations de fraude. "Nous avons décidé de saisir la Cour et de montrer au monde la fabrication d'un pouvoir généré par ordinateur", a déclaré Raila Odinga, réitérant les accusations de fraude électronique du scrutin du 8 août. En 2013, Odinga, 72 ans, avait déjà saisi la Cour Suprême pour contester l'élection de Kenyatta dès le premier tour du scrutin, mais la Cour avait finalement validé le résultat.
Fort de ce précédent, la coalition d'opposition Nasa avait d'abord exclu de porter son contentieux en justice, malgré d'importantes pressions internationales en ce sens. Mais, a expliqué Raila Odinga, les récentes menaces de fermeture, par le gouvernement, de deux organisations susceptibles d'aller en justice ont contraint l'opposition à réviser sa position et à déposer elle-même le recours. Une fois saisie, d'ici l'expiration du délai légal vendredi, la Cour suprême disposera de 14 jours pour rendre son arrêt.
Appel à manifester. Raila Odinga a également appelé à diverses formes de manifestations pacifiques, rappelant que la Constitution de 2010, dont il fut l'un des grands artisans, protégeait le droit de manifester, de faire grève et de recourir à la désobéissance civile. "Nous prêcherons la paix (...) nous défendrons nos droits de se rassembler et de manifester. Nous organiserons des veillées, des minutes de silence, nous battrons le tambour et ferons tout ce qui est possible pour attirer pacifiquement l'attention sur ces injustices électorales flagrantes", a-t-il déclaré. "Les Kényans n'ont pas besoin de recourir à la violence pour obtenir justice", a-t-il encore dit.