La Birmanie a entrepris une campagne de "nettoyage ethnique" contre la minorité apatride des musulmans rohingyas, a affirmé un représentant de l'ONU au Bangladesh, pays où se sont réfugiés ces dernières semaines des milliers de familles fuyant les exactions de l'armée birmane.
30.000 déplacés. Viols en réunion, tortures, meurtres et massacres : les Rohingyas qui ont franchi la frontière ont fait le récit des violences que leur font subir les soldats birmans dans l'ouest du pays, où vivent des dizaines de milliers de membres de cette minorité. D'après les Nations-unies, 30.000 personnes ont été déplacées par ces violences qui ont fait des dizaines de morts depuis le début de l'opération de l'armée birmane à la suite d'attaques de postes de police début octobre.
"Nettoyage ethnique". Ignorant les pressions de la communauté internationale l'exhortant à ouvrir sa frontière pour éviter une crise humanitaire, le Bangladesh a appelé la Birmanie à prendre des "mesures urgentes" pour que cesse l'entrée sur son territoire des Rohingyas. "Il est très difficile pour le gouvernement bangladais de déclarer ouverte sa frontière, car ceci pourrait encourager le gouvernement birman à perpétuer les atrocités et les pousser dehors, jusqu'à atteindre son objectif final de nettoyage ethnique de la minorité musulmane de Birmanie", a expliqué ce représentant de l'ONU.
Le silence d'Aung San Suu Kyi. Des accusations sévèrement contestées par Zaw Htay, porte-parole du gouvernement de la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, au pouvoir depuis quelques mois. "Je m'interroge sur le professionnalisme et l'éthique du personnel de l'ONU. Il devrait parler en se fondant sur des faits concrets et vérifiés et ne pas porter d'accusations", a-t-il déclaré, alors qu'humanitaires et journalistes n'ont pas accès à la zone. La Birmanie a déjà été accusée de nettoyage ethnique contre cette minorité musulmane mais c'était à l'époque où le pays était dirigé par d'anciens militaires. Depuis fin mars, Aung San Suu Kyi a pris les rênes du pays, après des élections historiques il y a un an. Mais elle ne s'est quasiment pas exprimé sur le sujet depuis le début des violences le mois dernier. Le nouveau gouvernement birman n'a pas de pouvoir sur l'armée, qui reste en charge du ministère de l'Intérieur et des Frontières notamment.
Une population détestée. Le sort des Rohingyas est un dossier explosif dans ce pays d'Asie du Sud-Est. Haïs par une partie de la population, à 95% bouddhiste, ces derniers sont considérés comme des étrangers en Birmanie et sont victimes de multiples discrimination : travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, absence d'accès aux soins et à l'éducation.