Le président bolivien Evo Morales a promulgué mercredi une loi polémique doublant quasiment, de 12.000 à 22.000 hectares, la surface de culture légale de la feuille de coca, composant de base de la cocaïne.
"La coca à vie". Avec cette nouvelle loi, "nous voulons garantir la coca à vie", a assuré, lors d'une cérémonie publique, Evo Morales, premier président amérindien de Bolivie au pouvoir depuis 11 ans, lui-même ancien cultivateur de feuilles de coca. Le texte remplace celui adopté en 1988 destiné à encadrer la production de coca à usage traditionnel, sous l'impulsion des Etats-Unis. La mastication et l'infusion de la coca sont des pratiques millénaires dans les Andes pour lutter contre la faim, la fatigue et les effets de l'altitude, mais aussi dans des usages rituels de la culture indienne traditionnelle.
Une production excessive. L'opposition a vivement critiqué ce texte qui fixe à 14.300 hectares la surface de culture pour la région de Yungas, à l'est de La Paz, et 7.700 hectares pour la région de Chapare (centre). Selon les chiffres de l'Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC), la Bolivie cultive déjà 20.200 hectares, principalement dans le Yungas et le Chapare, après avoir réduit sa superficie de plantations de coca de 11% en 2014. Et selon une étude financée par l'Union européenne en 2013, quelque 14.700 hectares de coca sont suffisants pour couvrir la demande légale.
Très mauvais pour l'image de la Bolivie. Selon l'ONU, la Bolivie est le troisième producteur mondial de coca après la Colombie et le Pérou, qui cherchent eux à diminuer les surfaces plantées. Pour l'ex-président Jorge Quiroga, cette loi "va attirer la honte internationale et causera un dégât énorme à notre image, à nos citoyens, en raison du narcotrafic que cela va générer et de la criminalité que cela va créer en Bolivie". Selon lui, "les rapports d'institutions comme l'Union européenne et l'ONU montrent que 90% de la coca du Chapare va au narcotrafic".
"Nous ne faisons pas partie de la culture de la cocaïne", s'est défendu mercredi Evo Morales, qui plaide pour une dépénalisation au niveau mondial de l'usage de la feuille de coca.