Pékin a souligné mardi rejeter toute "ingérence étrangère" dans ses affaires religieuses, après que le Vatican eut fait part de ses "graves préoccupations" sur le sort d'un des ses évêques en Chine.
Par la voix d'un porte-parole, le Saint-Siège s'était dit lundi "profondément attristé" par la situation de l'évêque Peter Shao Zhumin, affirmant que ce dernier avait disparu depuis un certain temps de son diocèse de Wenzhou.
Selon le site spécialisé dans les informations religieuses Asianews.it, Mgr Shao Zhumin serait en détention depuis le 18 mai. Mais le régime communiste, qui n'entretient pas de liens diplomatiques avec le Vatican, a réagi mardi avec virulence. "La Chine s'oppose à l'ingérence de quelque nation étrangère que ce soit dans ses affaires intérieures", a asséné Lu Kang, porte-parole de la diplomatie chinoise, lors d'un point-presse régulier.
Douze millions de catholiques en Chine. Avant de justifier la main-mise que les autorités conservent sur la vie religieuse: "La Chine protège la liberté de croyance religieuse et les croyances de ses citoyens, conformément à la loi, mais comme dans d'autres pays, nous renforçons notre supervision des affaires religieuses, en accord avec nos pratiques historiques et nos traditions", a souligné Lu Kang. De fait, les religions autorisées en Chine sont étroitement encadrées par des associations contrôlées par le Parti communiste, et les lieux de culte comme le clergé doivent être approuvés par les autorités. Or, les catholiques chinois (5,7 millions selon les statistiques officielles, 12 millions selon des sources indépendantes) sont partagés entre une Église officielle, dont le clergé est soumis aux autorités, et une Église "souterraine" (clandestine) tirant sa légitimité de l'obéissance au Saint-Siège.
Des relations diplomatiques rompues depuis 1951. Les amis de Mgr Shao redoutent que les autorités ne tentent de le détourner de l'Eglise souterraine, fidèle au Vatican, vers l'Église officielle incarnée par l'Association patriotique des catholiques chinois. "Le Saint-Siège espère que l'évêque Peter Shao Zhumin pourra retourner au plus tôt dans son diocèse et qu'il pourra exercer son ministère en paix", avait insisté lundi le porte-parole du Vatican. Le Vatican et Pékin n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1951, mais depuis son élection en 2013, le pape François cherche à se rapprocher du gouvernement chinois, espérant rétablir le lien avec les catholiques de Chine, sur fond d'essor du christianisme dans le pays.