La Colombie a vécu lundi un jour à marquer d'une colombe blanche dans les livres d'histoire, en signant avec la guérilla des Farc un accord de paix qui met fin à un conflit armé de plus d'un demi-siècle qui a fait plus de 260.000 morts, 45.000 disparus et presque 7 millions de déplacés.
Tous en blanc. L'accord a été signé par d'anciens faucons qui ont fait de la paix leur fer de lance : le président Juan Manuel Santos et le commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez et de Timochenko. Tous deux sont apparus vêtus de blanc, comme les 2.500 invités, dont 250 victimes du conflit (personnes enlevées ou blessées, proches, ...), qui ont pu accéder à l'enceinte où se tenait cette émouvante cérémonie.
"Pardon" à "toutes les victimes du conflit". Convié à parler en premier, Timochenko a salué "une nouvelle ère de réconciliation et de construction de la paix" et a pour la première fois demandé "pardon" à "toutes les victimes du conflit". "Plus de guerre ! Plus de guerre !", a lancé pour sa part le chef de l'État, repris en chœur par l'assistance. "Plus de morts (...) pour une guerre absurde", a-t-il affirmé, saluant la décision des Farc de "changer les balles pour les votes" par cet accord qui leur permet de se convertir en parti politique. "Bienvenue dans la démocratie !", leur a-t-il souhaité, réaffirmant préférer "un accord imparfait, qui sauve des vies, à une guerre parfaite".
Encore 1.500 combattants. Quinze chefs d'État latino-américains ont assisté à cette cérémonie inédite, à commencer par le Cubain Raul Castro, dont le pays a accueilli les négociations ayant abouti le 24 août à cet accord avec les Farc, sous les auspices aussi de la Norvège, du Venezuela et du Chili. Parmi les 27 ministres des Affaires étrangères présents, le Norvégien Borge Brende, dont le pays a été facilitateur de la paix, a salué, cet "accord historique", mais averti que sa mise en oeuvre "va demander beaucoup de leadership". La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a pour sa part appelé à l'instauration "de l'équité et de la justice qui restent à bâtir en Colombie". La paix ne sera pas complète tant que l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), encore active avec 1.500 combattants, n'aura pas aussi dit adieu aux armes.