Quelques jours après un tir nord-coréen de fusée à longue portée, un mois après le quatrième essai nucléaire du Nord, la Corée du Sud a justifié dimanche sa décision unilatérale de fermer le complexe industriel intercoréen de Kaesong en affirmant que Pyongyang ponctionnait 70% des salaires versés aux ouvriers nord-coréens pour financer ses programmes nucléaires et balistiques. Le site comptait 124 entreprises sud-coréennes et employait 53.000 Nord-Coréens.
Expulsions. En réaction, Pyongyang a expulsé tous les cadres sud-coréens présents dans le complexe de Kaesong, situé sur son territoire à une dizaine de kilomètres de la frontière, et déclaré le site zone militaire. Financé par la Corée du Sud, le complexe de Kaesong avait été célébré à son ouverture en 2004 comme un symbole de la "réconciliation" entre les deux Corées et demeurait un des ultimes projets communs de coopération.
Tickets de nourriture. En 12 ans, les sociétés sud-coréennes ont versé l'équivalent de 560 millions de dollars de salaires aux autorités nord-coréennes supervisant les ouvriers. Rien que pour 2015, l'enveloppe s'est chiffrée à 120 millions de dollars. Dimanche, le ministre sud-coréen de l'Unification, Hong Yong-pyo, a affirmé à la chaîne KBS TV que "70%" de cet argent avait en fait été utilisé par le Parti des travailleurs au pouvoir à Pyongyang "pour développer des armes nucléaires ou des missiles, ou acheter des produits de luxe. Environ 70% des salaires versés en dollars sont en fait utilisés par les autorités, tandis que les ouvriers reçoivent des tickets pour acheter de la nourriture et d'autres produits et des devises nord-coréennes."
"Mesure radicale". Séoul avait jusqu'alors choisi de fermer les yeux sur ces détournements, compte tenu du symbole que représentait Kaesong. "Nous avons cette fois décidé de cesser les opérations car le Nord allait continuer à intensifier le développement de ses armes, or nous souhaitions prendre une mesure radicale pour calmer l'inquiétude de la population en matière de sécurité", a-t-il expliqué.