La Cour suprême du Brésil s'est prononcée mardi en faveur de la libération de José Dirceu, ex-chef de cabinet de l'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, condamné pour corruption dans le méga-scandale de corruption Petrobras.
Demande d'"Habeas Corpus". José Dirceu, l'un des fondateurs avec Lula en 1980 du Parti des travailleurs (PT, gauche), avait été arrêté en août 2015 et condamné en mai 2016 en première instance à 32 années de prison pour corruption passive, blanchiment d'argent et appartenance à une association de malfaiteurs. Ses avocats ont présenté par la suite devant le Tribunal suprême fédéral (STF) une demande d'"Habeas Corpus", qui repose sur le droit fondamental d'un individu de ne pas être emprisonné sans jugement.
Une opération "Lava Jato". Le Tribunal suprême a estimé que José Dirceu, 71 ans, ne pouvait être emprisonné qu'après une condamnation en deuxième instance. La décision des juges de la Cour suprême, adoptée à trois voix contre deux, est vue comme un camouflet pour les procureurs de l'opération judiciaire "Lava Jato" (Lavage express). Le procureur Deltan Dallagnol, qui coordonne la spectaculaire enquête, a qualifié cette décision d'"incohérente". "On dit que le trafic de drogues génère des morts indirectes. La corruption aussi", a-t-il dénoncé.
Vague d'indignation au Brésil. José Dirceu avait déjà été condamné en 2012 à près de 11 ans de prison dans le procès sur l'achat de députés au Parlement entre 2003 et 2005. L'annonce de la Cour suprême a aussi entraîné une vague d'indignation sur les réseaux sociaux au Brésil, secoué par le méga-scandale de corruption. Depuis qu'il a éclaté en 2014, il n'a cessé de s'étendre, touchant l'ex-président Lula mais aussi le cercle proche de l'actuel chef de l'Etat, le conservateur Michel Temer, qui a succédé à Dilma Rousseff.
L'enquête a dévoilé un vaste système de corruption autour du géant étatique pétrolier Petrobras, impliquant les plus grands groupes de bâtiments et travaux publics du pays et des politiciens de tous bords. Une figure du Parti des Travailleurs, Dilcidio Amaral, arrêté en 2015, affirme que l'ex-présidente Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour maquillage des comptes publics, et son prédécesseur, Lula da Silva, sont impliqués dans le scandale.
10 mai devant le juge. Ce dernier, leader emblématique de la gauche latino-américaine, est cité à comparaître devant un juge le 10 mai. En avril, la Cour Suprême a donné son feu vert à l'ouverture d'enquêtes contre au moins huit ministres du gouvernement Temer et des dizaines de parlementaires.