La Cour pénale internationale (CPI) tient mardi ses premières audiences publiques sur d'éventuelles indemnisations pour les victimes de crimes de guerre en République démocratique du Congo.
Un million d'euros de réserve. Les audiences, qui se poursuivront jeudi, devront permettre aux juges de la chambre de première instance de déterminer combien peuvent recevoir les anciens enfants-soldats recrutés par le chef de milice Thomas Lubanga dans l'est de la République démocratique du Congo en 2002 et 2003. Un million d'euros a été alloué au dossier par le Fonds au profit des victimes, un organe indépendant mis en place par le traité fondateur de la CPI, le Statut de Rome.
Ce Fonds, qui reçoit des contributions volontaires versées par les gouvernements membres de la CPI, d'organisations internationales et de particuliers, demande notamment l'approbation des juges pour ses projets visant à réhabiliter les victimes. Les juges avaient décidé en mars 2015 que Thomas Lubanga, qui avait été en 2012 la première personne condamnée par la CPI, devrait indemniser "personnellement" ses victimes.
Une indemnisation pour faciliter la réconciliation. Le Fonds a proposé aux juges un plan d'action qui vise à "réconcilier les victimes avec leurs familles et les communautés affectées" et à "contribuer à la réintégration efficace des anciens enfants-soldats" dans la société. De nombreuses victimes "sont encore stigmatisées et souffrent d'un sentiment de honte" pour leur rôle dans le conflit, assure le Fonds. Ils sont qualifiés de "génération perdue", incapable de se réadapter à la vie civile : les jeunes hommes sont perçus comme "violents" tandis que les jeunes femmes sont vues comme "souillées".
Thomas Lubanga, ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC), avait écopé de 14 ans de prison pour avoir enrôlé des enfants, dont certains à peine âgés de onze ans, et les avoir utilisés comme soldats ou gardes du corps en 2002 et 2003 dans le nord-est de la République démocratique du Congo. L'Ituri, région riche en ressources, en or notamment, est en proie à des violences qui ont fait quelque 60.000 morts depuis 1999, selon les ONG.
Des indemnisations collectives. Ces audiences permettront aux juges d'examiner "le type de projet qui doit être mis en place", a assuré un représentant de la CPI. Mais ces réparations ne seront pas individuelles mais "collectives", a ajouté la même source. Des ONG ayant travaillé avec des enfants-soldats présenteront des projets s'étant montrés efficaces par le passé mais une décision sur le montant total et les projets choisis ne sera rendue qu'à une date ultérieure.
Des victimes difficiles à définir. Le Fonds, qui évoque 3.000 enfants-soldats présents au sein des rangs de l'UPC à l'époque, a également été chargé d'évaluer les victimes concernées : si 129 personnes avaient été autorisées à prendre part au procès, seulement 31 d'entre elles ont été interrogées et évaluées. En juin, celui-ci avait affirmé que l'échelle des réparations était "de moins en moins évidente" alors qu'il n'est pas certain que la "chambre approuvera des dizaines, centaines ou des milliers de victimes comme des personnes ayant droit à des réparations".