La France a "condamné" mercredi un raid aérien, attribué aux forces du maréchal Khalifa Haftar, qui a fait près de 40 morts dans un centre de détention de migrants en Libye. "À la suite de ce drame, la France appelle à nouveau les parties à une désescalade immédiate et à la cessation des combats", a souligné le ministère des Affaires étrangères.
Un possible "crime de guerre" selon l'ONU
"Cet attentat pourrait clairement constituer un crime de guerre, frappant des innocents (...) contraints d'échouer dans cet abri par des conditions de vie épouvantables", a de son côté indiqué l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé. Il a appelé la communauté internationale "à condamner ce crime et à imposer les sanctions appropriées à ceux qui ont mené cette opération en violation flagrante du droit international humanitaire".
Une quarantaine de migrants ont été tués dans ce raid aérien nocturne contre leur centre de détention près de Tripoli, une frappe attribuée aux forces de Khalifa Haftar engagées dans une offensive sur la capitale libyenne. Au moins 70 migrants ont également été blessés dans l'attaque, selon un "bilan préliminaire" fourni à l'AFP par un porte-parole des services de secours, Osama Ali. "Le bilan pourrait s'aggraver", a-t-il ajouté, précisant que 120 migrants étaient détenus dans le hangar quand il a été touché de plein fouet.
Une attaque non revendiquée mais attribuée à Khalifa Haftar
Selon un photographe de l'AFP arrivé tôt sur place mercredi, plusieurs corps gisaient au sol aux côtés de restes humains mêlés aux affaires et vêtements des migrants maculés de sang. Les services de secours recherchaient d'éventuels survivants sous les décombres, tandis que des dizaines d'ambulances avaient été déployées, selon la même source.
Dans un communiqué, le Gouvernement d'union (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l'ONU a dénoncé "un crime odieux". Il a attribué l'attaque au "criminel de guerre, Khalifa Haftar", l'homme fort de l'est libyen qui mène une offensive depuis début avril pour conquérir la capitale. Cette frappe n'a pas été revendiquée mais des médias pro-Haftar ont fait état mardi soir d'une "série de raids aériens" à Tripoli et Tajoura. La banlieue de Tajoura, qui compte plusieurs sites militaires appartenant aux groupes armés pro-GNA, est régulièrement la cible de raids aériens des forces pro-Haftar.