Ce jeudi à Bruxelles, la France va tenter de convaincre d'autres pays de l'Union européenne de s'opposer à l'accord UE-Mercosur. Alors que les agriculteurs français sont de nouveau mobilisés, de nombreux membres des 27 hésitent sur ce dossier d'un accord de libre-échange.
La France va tenter jeudi à Bruxelles de convaincre d'autres pays de l'Union européenne de s'opposer à l'accord UE-Mercosur en préparation, mais nombre d'entre eux hésitent encore à se prononcer. L'une des raisons "qui m'amène ici, aujourd'hui, c'est un dialogue de persuasion avec mes collègues européens sur la question du Mercosur", a déclaré la ministre française du Commerce extérieur Sophie Primas, avant une réunion de ses homologues de l'Union européenne.
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La France cherche des alliés
La France est opposée à la conclusion, "en l'état", d'un accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur (Brésil, Paraguay, Argentine, Uruguay). La Bolivie est membre du Mercosur mais n'est pas partie prenante de cet accord. Elle espère rallier d'autres pays européens pour parvenir à une minorité de blocage au sein du Conseil de l'UE, qui rassemble les 27, et dont l'accord est nécessaire une fois les négociations terminées.
La Commission européenne négocie toujours cet accord, au nom des 27, mais ne cache pas son intention de parvenir à une conclusion avant la fin de l'année. Les négociateurs européens se rendent la semaine prochaine au Brésil où ils espèrent régler les derniers détails d'un accord, avant une signature début décembre, à l'occasion d'un sommet du Mercosur, a-t-on indiqué de source européenne à Bruxelles.
Paris redouble donc ses efforts pour rallier un maximum de pays avant cette échéance. Certains ont exprimé leurs réticences, comme la Pologne ou l'Autriche, mais aucun n'a encore formellement rallié la position défendue par la France. "Nos agriculteurs ont clairement indiqué au gouvernement polonais qu'ils redoutent les importations d'autres pays. Nous sommes donc ouverts à des solutions", a indiqué jeudi à Bruxelles Ignacy Niemczycki, secrétaire d'Etat polonais au Développement.
"Pour le moment, nous attendons qu'un texte soit présenté. Nous verrons si cela se produit, et alors, on pourra en discuter", a indiqué de son côté Martin Kocher, ministre autrichien du travail et de l'Economie.
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"Mercosur pas si sûr"
L'Italie est également réticente, mais s'est montrée divisée cette semaine sur la question. Son ministre de l'Agriculture Francesco Lollobrigida a clairement indiqué son opposition lundi à Bruxelles, mais le même jour et au même endroit, son ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani s'est montré nettement plus nuancé, soulignant son soutien à un accord de libre-échange avec le Mercosur.
"Un Mercosur pas si sûr que ça", a ironisé de son côté le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Xavier Bettel, jeudi à son arrivée à Bruxelles. D'autres pays ont en revanche défendu cet accord, dont l'Espagne, la Suède, l'Allemagne ou les pays baltes. "Nous discutons du Mercosur (...) depuis un certain temps maintenant. Le moment est venu d'avoir une cérémonie de signature", a ainsi déclaré le ministre suédois du commerce international Benjamin Dousa.