Des dizaines de milliers de Syriens tentent de fuir en Turquie, alors que le chaos règne à Alep.
Plusieurs dizaines de milliers de Syriens, plongés dans le chaos des bombardements à Alep, prennent la route de la Turquie, qui se dit aujourd'hui prête à ouvrir sa frontière.
Seuls les blessés graves passent.Côté turc de la frontière, la règle est simple : pour pouvoir passer, il faut être gravement blessé. Seules les ambulances sont autorisées à franchir le poste, sirènes hurlantes. C'est comme cela que Moussa Halami a été évacué vers un hôpital turc, il y a quatre jours. Son corps est criblé d'éclats. Un missile russe s'est abattu à quelques mètres de sa maison, dans la campagne au nord d'Alep. "Les avions russes nous ont attaqué", raconte-t-il au micro d'Europe 1. "J'étais avec un père et son fils lorsqu'ils ont frappé et ils sont morts. L'un des murs de la maison s'est effondré sur moi et j'ai senti un éclat toucher mon œil. Mais je veux rentrer en Syrie, ma famille est toujours là-bas", précise-t-il. Un pansement masque son œil.
Alep, tournant de la guerre civile. Moussa Halami restera borgne. Pourtant, la cicatrice a l'air moins douloureuse que le coup psychologique : celui de savoir que ces frappes russes ont permis aux forces de Bachar al-Assad d'encercler la quasi-totalité d'Alep. "Ça a été un choc", explique Jamal Jneïd, du Conseil révolutionnaire d'Alep, qui gère la partie de la cité contrôlée par la rébellion. "Maintenant, il y a un seul passage qui va vers l'ouest d'Alep. Le régime essaye d'avancer vers cette route. Si on coupe cette route, c'est la fin de la révolution d'Alep. La ville sera complètement assiégée. On ne sait pas quoi faire", confie-t-il en français. "Avec les frappes russes", poursuit-il, "nous ne perdons pas que du terrain, nous sommes surtout en train de perdre espoir".
Le Groupe international de soutien à la Syrie doit se réunir jeudi à Munich. Le pape a déjà appelé la communauté internationale à "n'épargner aucun effort" pour aider les civils en fuite.