Depuis le début de l’année, la Russie a mis en orbite 14 satellites dont douze principalement liés à des activités militaires, pour la plupart en orbite dite "basse". Placés entre 300 et 2.000 kilomètres d'altitude, ces objets serviraient selon certains observateurs à espionner les satellites voisins.
Son nom, Kosmos-2565. Ce satellite russe a décollé il y a une semaine depuis le cosmodrome de Plessetsk, à 800km au Nord de Moscou. Direction la constellation Liana, toute une série d’appareils déjà en orbite chargés de collecter du renseignement. Il rejoindra son grand frère Kosmos-2558, parti le 1er août dernier et dont le rôle précis est tenu secret. Plusieurs observateurs estiment néanmoins probable que le but inavoué de ce dernier soit d’espionner un autre satellite américain placé non loin de lui sur la même orbite.
La guerre de l’espionnage se joue aujourd’hui au-dessus de nos têtes. "On voit qu’il se passe de plus en plus de choses entre les satellites. Il y a l’idée de mettre des caméras directement sur les satellites pour qu’on ait une vision des autres satellites qui seraient proches des satellites militaires", explique Béatrice Hainaut capitaine de l’armée de l’air et de l’espace, chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM).
Course à l’espionnage spatial
La surveillance de l’espace s’est longtemps fait depuis le sol. Désormais, elle s’opère aussi depuis l’espace et dans l’espace. Ces appareils lancés par la Russie ont été placés pour la plupart entre 300 et 2.000 kilomètres d’altitude, là où ils peuvent s’approcher discrètement d’autres satellites, capter des données électroniques voire tester un brouillage pour observer les réactions de l’ennemi. Mais cette course à l’espionnage au-dessus de nos têtes n’est pas sans risque. "On a vu les russes avoir un système de poupées russes dans l’espace, c’est-à-dire un satellite qui libère un autre satellite. Et qui pourrait rentrer en collision avec un satellite tiers", poursuit au micro d’Europe 1 la capitaine Hainaut.
La guerre en Ukraine, elle aussi, booste ce segment stratégique de l’espionnage satellitaire. Selon une récente note du centre d’études stratégiques aérospatiales (CESA) , le Kremlin "s’applique à retrouver son rang de puissance spatiale militaire en maîtrisant le spectre des activités militaires en orbite basse". Toute la question, soulèvent les rédacteurs de cette note, est de savoir si l’industrie spatiale russe pourra tenir un cadencement de lancement élevé au regard des sanctions internationales et de son effort de guerre concentré sur le terrain ukrainien .
De son côté, la France aussi développe son projet de satellite, appelé "Yoda", un patrouilleur spatial pour protéger ses satellites. Le pays pousse également au niveau international pour mieux réguler cette autoroute de l’espace. En 2018, un satellite russe avait été surpris en flagrant délit d’espionnage à proximité d’un appareil franco-italien.