La Hongrie n'aura pas traîné pour appliquer sa toute nouvelle législation anti-migrants. 174 migrants seront jugés dès mercredi matin en comparution immédiate, au premier jour d'application de cet arsenal législatif répressif envers les migrants. Il y a tellement de cas à juger d'un seul coup, que le petit tribunal de la ville de Szeged en Hongrie, où vivent 200.000 habitants, va voir débarquer une armée de magistrats en renfort.
130 juges en plus. Et les moyens accordés par le gouvernement sont pour le moins généreux, constate la présidente du tribunal, Babett Taérkàny-Szücs : "On a mis à notre disposition 130 juges supplémentaires, 90 secrétaires, 235 auxiliaires de justice. Cela va des notaires jusqu'aux informaticiens, pour nous aider à traiter tous les cas", détaille-t-elle au micro de l'envoyé spécial d'Europe 1.
Ils risquent de sévères peines. Ces cas, en plus des demandeurs d'asile, ce sont par exemple des clandestins qui ont essayé de se faufiler sous la clôture de barbelés érigée par Budapest le long de la frontière serbo-hongroise. Peine encourue : un à trois ans de prison ferme. Pour d'autres, qui ont endommagé cette barrière pour se frayer un chemin, on passe à cinq ans de prison.
"Personne ne devrait être condamné pour avoir franchi une frontière ". Des peines très lourdes, "insensées" pour l'avocate pénaliste Timeo Kovacz, qui espère qu'il n'y ait pas de condamnation pour l'exemple : "Ça, c'est ce que le gouvernement veut, mais ce sont les juges qui décident. J'espère qu'ils se montreront objectifs et respectueux de la loi. Personne ne devrait être condamné parce qu'il a franchi une frontière clandestinement. C'est un cauchemar, je ne crois pas que cela puisse arriver".
Depuis mardi, cette avocate, membre du comité Helsinki hongrois, envoie mail sur mail à ses confrères de la région, qui pourraient se retrouver commis d'office. Avec ces migrants, accusés de crimes, elle souhaite leur donner un maximum d'outils pour faire le plus de recours possibles, notamment devant la justice européenne.