Le gouvernement hongrois a défendu jeudi un projet de loi controversé visant à interdire au géant néerlandais Heineken d'utiliser son logo à étoile rouge, sur fond de contentieux avec ce brasseur. Il s'agit d'"interdire l'utilisation de symboles de régimes totalitaires comme le national-socialisme ou le communisme", a détaillé le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, Janos Lazar, devant la presse. Le projet de loi prévoit jusqu'à deux ans de prison et 6,5 millions d'euros d'amende pour les contrevenants.
Un contentieux depuis février. Explicitement visée : la marque Heineken, dont le logo comprend une étoile rouge et coupable, selon le chef de cabinet, d'"abus de pouvoir aux dépens d'une entreprise hongroise". Le contentieux a éclaté début février, après qu'un tribunal roumain saisi par ce groupe eut interdit à une brasserie de la minorité magyare de Roumanie d'utiliser le nom "Csiki", considérant qu'il ressemble trop à la marque "Ciuc" commercialisée par Heineken en Roumanie depuis 2003. Budapest avait alors dénoncé une mesure "injuste, indigne et anti-hongroise" et les appels au boycott des produits de la marque Heineken s'étaient multipliés en Hongrie.
Heineken dément toute "signification politique." Le chef de cabinet a assuré jeudi que l'étoile rouge du logo Heineken était de nature à "blesser la sensibilité" des Hongrois qui avaient "souffert du communisme" jusqu'à la chute du Rideau de fer en 1989. Il a rappelé que Heineken avait renoncé à arborer l'étoile rouge durant la Guerre froide en raison de l'association possible de ce symbole avec l'idéologie communiste.
L'étoile avait retrouvé sa couleur rouge en 1991, à la fin de l'URSS. La multinationale a assuré que "naturellement, l'étoile rouge de Heineken n'a aucune signification politique, de quelque sorte que ce soit", et que la marque utilisait "les mêmes symboles dans le monde entier".