"Nedjo le boucher" et sept anciens policiers sont attendus lundi devant un tribunal de Belgrade : pour la première fois, la justice serbe organise un procès d'auteurs présumés du massacre de Srebrenica, en 1995 en Bosnie.
Jusqu'à 20 ans de prison. Originaires de Bosnie, ces huit hommes ont tous obtenu la nationalité serbe après la fin de la guerre intercommunautaire (1992-1995) qui avait fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés, soit la moitié de la population d'avant-guerre. Ils encourent 20 ans de prison, pour "crimes de guerre contre la population civile".
Mladic en attente de son verdict. La justice de Serbie comme son personnel politique refusent de considérer que Srebrenica fut un acte de génocide, comme le fait depuis plusieurs années la justice internationale, et comme l'a répété en mars le Tribunal pénal international de La Haye (TPIY) en condamnant à 40 ans de prison Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie pendant le conflit. En quelques jours de juillet 1995, dans les derniers mois de la guerre, les forces serbes de Bosnie commandées par le général Ratko Mladic avaient massacré quelque 8.000 hommes et adolescents bosniaques. C'est la pire tuerie sur le sol européen depuis la Seconde guerre mondiale. Arrêté en 2011 après plus de 10 ans de cavale en Serbie, Ratko Mladic, 74 ans, est dans l'attente de son verdict devant le TPIY de La Haye, attendu en 2017. L'accusation vient de réclamer la perpétuité.
Responsables de plusieurs centaines de morts ? Arrêtés en mars 2015, les huit hommes jugés à Belgrade comparaissent libres. Ils appartenaient à une unité policière spéciale, "Jahorina", du nom d'une station de ski surplombant Sarajevo. Une dizaine de ses membres ont déjà été jugés en Bosnie. Ils sont accusés d'avoir ordonné ou participé à l'exécution en une seule journée de plusieurs centaines de musulmans bosniaques, capturés dans une forêt puis tués dans un entrepôt de Kravica, près de Srebrenica. Les membres de "Jahorina" avaient tiré à l'arme automatique dans l'entrepôt et y avaient jeté des grenades, selon les éléments de l'enquête. Les restes des victimes avaient été retrouvés dans huit charniers.