Dimanche, plusieurs centaines de personnes manifestaient sur le parvis de Notre-Dame à Paris en soutien aux chrétiens d’Orient. Ces derniers sont en effet menacés par les djihadistes de l’Etat islamique (EI), qui ont pris le contrôle d’une partie de l’Irak. A Mossoul, la deuxième ville du pays, les chrétiens ont dû fuir en masse après un ultimatum de l’EI qui ne leur laissait que quelques heures pour quitter les lieux. Devant Notre-Dame, les manifestants avaient déroulé une banderole exhortant la France à "tourner [son] regard vers l’Irak". Ils étaient aussi nombreux à arborer un symbole devenu emblématique du sort des chrétiens de Mossoul : ن. A l’origine ce signe était pourtant emblématique de leur persécution par les djihadistes.
ن# #rassemblement pour les Chrétiens d'Irak à Notre Dame. #Solidarité#chretiensdirak#chretiens#orientpic.twitter.com/cgiQJ3uo4D— N. Quester-Séméon (@NatachaQS) July 27, 2014
Le "n" de l’alphabet arabe. Car ce symbole est en réalité une lettre. Il s’agit du "n" arabe, qui se prononce "noun".
BREAKING: Verified that #ISIS is marking #Mosul Assyrian homes with an "n" for "Nasrany," Arabic word for #Christianpic.twitter.com/W7FHtru7oM— R ن (@rmshava) July 17, 2014
Cette lettre correspond au mot "nazaréen", un terme qui désigne les chrétiens en arabe, explique la chaîne Euronews.
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Un symbole d’infamie.... Mais depuis que les djihadistes de l’EI ont pris la ville de Mossoul, cette lettre est devenue un symbole d’infamie. Car elle a été utilisée pour marquer les maisons des chrétiens de la deuxième ville d’Irak. Après s’être montrés relativement cléments dans un premier temps, les djihadistes ont subitement lancé un ultimatum fin juillet : les chrétiens avaient le choix entre se convertir à l’islam, payer une taxe spéciale ou quitter la ville. Après expiration de l’ultimatum, leurs maisons devaient appartenir à l’Etat islamique. Résultat : les chrétiens ont fui en masse. D’après le Comité de soutien aux chrétiens d’Irak, il ne resterait plus actuellement que quelques familles chrétiennes à Mossoul, contre 35.000 personnes il y a dix ans.
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… devenu signe de ralliement. Mais voilà que ce caractère est en train de connaître une autre vie : les réseaux sociaux s’en sont en effet emparés pour afficher leur soutien aux chrétiens d’Irak, avec le hashtag #WeAreN.
We Have Dominican Family In Iraq.Stand With Iraqi Christians. #WeAreN#نpic.twitter.com/Mn08JHbw00— Springfield OP (@springfieldop) July 22, 2014
Outre-Manche, l’Eglise d’Angleterre a même affiché le symbole sur son compte Twitter officiel. D’autres organisations chrétiennes dans le monde ont fait de même.
We are changing our picture to stand with those showing solidarity for those Christians being persecuted in Mosul #WeAreN— Church of England (@c_of_e) July 22, 2014
En France aussi, le symbole a été mis en avant par plusieurs personnalités, notamment du monde politique. L’eurodéputée Rachida Dati affiche ainsi la lettre "noun" sur Twitter, de même que les député UMP Thierry Mariani et Sébastien Huyghe, la déléguée générale adjointe de l’UMP Valérie Debord ou encore le député socialiste Yann Galut.
C'est l'honneur de la France et notre devoir de ne pas être complices de la persécution et la barbarie subies par les #ChretiensDIrak— Rachida Dati ن (@datirachida) July 27, 2014
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