Officiellement décidée à renvoyer par milliers des migrants vers la Russie, la Norvège s'attire les critiques d'ONG et experts inquiets que ces personnes soient ensuite abandonnées à leur sort dans des températures polaires ou expulsées dans des pays à risques. Le pays nordique, membre de l'espace Schengen à défaut d'appartenir à l'UE, se dit résolu à renvoyer la quasi totalité des quelque 5.500 personnes arrivées sur son territoire l'an dernier en empruntant la "route de l'Arctique" via la Russie.
"Roulette russe". En six ans, seuls deux Syriens ont obtenu le statut de réfugié sur les 5.000 qui en ont fait la demande, selon le HCR. Quelque 2.900 autres ont reçu une forme de protection temporaire, jugée insuffisante. "C'est la roulette russe parce qu'on n'est pas sûr d'obtenir l'asile, qu'on doit souvent payer des pots-de-vin pour l'avoir et qu'on peut avoir des problèmes avec le FSB, les services de sécurité", renchérit Marek Linha, responsable de NOAS, ONG norvégienne de soutien aux demandeurs d'asile.
"Envoyés à la mort". Parmi les cas qui ont choqué l'opinion publique, un couple chrétien syrien risque l'expulsion avec ses trois enfants parce que, dans sa fuite, il a acheté un visa russe à entrées multiples, signe selon les autorités norvégiennes d'attaches en Russie, plutôt qu'un simple visa de transit. "Quand nous avons payé 22.000 dollars pour prendre la route de l'Arctique vers la Norvège, nous n'avions aucune idée du visa qu'on a reçu en Russie. Avant la guerre en Syrie, on n'avait jamais été à l'étranger", a plaidé la mère, Dallia Asaad, auprès de l'agence norvégienne NTB. Les autorités de l'immigration ont finalement accepté de réexaminer le dossier.