La bousculade meurtrière qui a fait plus de 150 morts à Séoul lors de la fête d'Halloween l'an dernier est due à de la négligence et à des défauts de préparation, a conclu vendredi l'enquête de la police sud-coréenne. Les victimes de ce drame survenu dans le quartier d'Itaewon, connu pour sa vie nocturne, étaient pour la plupart des jeunes Coréens costumés dont de nombreuses femmes d'une vingtaine d'années.
L'équipe spéciale en charge de l'enquête, qui a passé des mois à rassembler des preuves et à interroger les autorités concernées, a conclu qu'il y avait eu d'énormes défaillances, tant au niveau de l'organisation que de la réaction sur le terrain. "Les organisations qui sont légalement tenues de prévenir et de gérer les catastrophes --la police, les bureaux des districts de Séoul et l'entreprise publique Seoul Metro-- n'ont pris aucune mesure de sécurité à l'avance ou leurs plans étaient insuffisants", a déclaré à la presse le chef de l'équipe, Sohn Jae-han.
"Aucune mesure appropriée n'a été prise"
"Aucune mesure appropriée n'a été prise même après avoir reçu les appels d'urgence" le jour de la catastrophe, a-t-il insisté, ajoutant que le manque de coopération entre les autorités compétentes et les lenteurs de communication avaient contribué à alourdir le bilan. Six personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête, dont Lee Im-jae, l'ancien commissaire de police de Yongsan qui couvre le quartier d'Itaewon, et Park Hee-young, le chef du district de Yongsan.
Tous deux sont en détention pour négligence professionnelle ayant entraîné la mort d'autrui. En décembre, un adolescent ayant survécu au drame a été retrouvé mort dans ce qui semble être un suicide. Les autorités ont décidé de le compter comme une victime du désastre, portant le nombre de victimes à 159.
Le ministre de l'Intérieur vivement critiqué
L'équipe d'enquêteurs s'est toutefois gardée de nommer des responsables dans le gouvernement ou la police, arguant qu'il était "difficile de conclure à un manquement au devoir". Le ministre de l'Intérieur a été vivement critiqué à la suite de la tragédie, certains appelant à sa démission après qu'il eut affirmé que la mobilisation de davantage de pompiers et policiers n'aurait pas empêché le drame.
Il s'est depuis excusé à de nombreuses reprises, notamment auprès des familles des victimes la semaine dernière, mais n'a pas présenté sa démission. La transformation rapide de la Corée du Sud, d'une nation pauvre déchirée par la guerre en économie de premier plan au rayonnement culturel mondial, reste une fierté nationale. Mais une série de catastrophes qui auraient pu être évitées --telles que le drame d'Itaewon et le naufrage du ferry Sewol en 2014 dans lequel 304 personnes sont mortes-- ont ébranlé la confiance des Coréens dans les autorités.