On compte désormais trois attentats d’extrême droite en neuf mois en Allemagne. La menace a longtemps été sous-estimée par les services de renseignement, qui supposaient que ce n’était le fait que de groupuscules isolés et clandestins. L’attaque de Hanau montre à quel point c’est un danger concret qui peut frapper n’importe quand et n’importe où. Neuf personnes sont décédées dans l'attaque, une tuerie raciste revendiquée par l'assaillant dans une vidéo. L'acte a provoqué une onde de choc et une prise de conscience dans le pays, qui craint désormais un retour de ce terrorisme d'extrême droite. La menace est prise très au sérieux par les autorités.
Le nombre de radicalisés d'extrême-droite a été multiplié par cinq
Après l'attaque contre la synagogue de Halle (Saxe-Anhalt) en octobre, le ministre fédéral de l'intérieur avait d'ailleurs dû le reconnaître : la menace est désormais plus grande que la menace islamiste. Depuis la création du parti AfD (Alternative für Deutschland, l'alternative pour l'Allemagne) en 2013, le nombre de personnes radicalisées a été multiplié par cinq. Selon les chiffres des renseignements publiés en janvier, la nébuleuse identitaire compte désormais 32.000 membres, soit 8.000 de plus qu'il y a un an.
Et surtout, le nombre de militants ultra-fanatisés, prêts à passer à l'acte, ne cesse d'augmenter lui aussi. Ces "soldats de la race blanche" se sentent porteurs d'une mission. Ils peuvent agir n'importe quand, comme on l'a vu mercredi soir à Hanau. Plusieurs anciens néo-nazis repentis, devenus des lanceurs d'alerte, parlent d'eux comme d'une "armée dormante", 15.000 personnes environ, qu'il sera facile de mobiliser le jour où une action de grande ampleur sera menée.
Le "jour X", comme disent les extrémistes, celui de la prise du pouvoir avec des cibles très précises à abattre, des personnalités politiques ou médiatiques par exemple, et des attentats à mener conjointement partout en Allemagne.