C'est une première dans l'histoire du pays. La présidente du Brésil Dilma Rousseff a été destituée mercredi par une majorité de plus des deux tiers requis des sénateurs pour maquillage des comptes publics, au terme d'une procédure juridico-politique hautement controversée. Sur les 81 parlementaires, 61 ont voté pour la destitution de la dirigeante de gauche, élue en 2010 à la tête du plus grand pays d'Amérique latine.
En revanche, l'ancienne guérillera a conservé ses droits civiques à la faveur d'un second vote, où la majorité des deux tiers requises pour l'en priver pendant huit ans n'a pas été atteinte.
"Nous reviendrons". A l'issue du vote, Dilma Rousseff a prévenu qu'elle "reviendrait" : "Nous reviendrons" a-t-elle lancé, avant d'ajouter : "Il ne s'agit pas d'un adieu mais d'un 'à bientôt'". "Le Sénat a pris une décision qui entre dans l'histoire des grandes injustices" et les sénateurs "ont décidé d'interrompre le mandat d'une présidente qui n'a pas commis de crime de responsabilité. Ils ont condamné une innocente et commis un coup d'Etat parlementaire", a-t-elle ajouté.
Michel Temer à sa place. Son ex vice-président Michel Temer, 75 ans, qui a précipité sa chute, prêtera serment dans la foulée lors d'une très brève cérémonie, avant de s'envoler vers la Chine pour participer à un sommet du G20, où il tentera de redorer le blason terni de la première économie d'Amérique latine. "Le Brésil ne peut pas être absent de la réunion du G20", a souligné au quotidien O Globo Michel Temer, qui devrait selon les médias s'exprimer dans la soirée dans une allocution télévisée enregistrée. Tout aussi impopulaire que sa rivale, il exerçait déjà la présidence à titre intérimaire depuis la suspension, le 12 mai par le Sénat, de la première femme élue à la tête du cinquième pays le plus peuplé de la planète.