La Russie emploie des missiles nord-coréens en Ukraine, selon Washington

Vladimir Poutine
La Russie emploie des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine, affirme un nouveau rapport du Pentagone. © Mikhail Metzel / SPUTNIK / AFP
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avec AFP , modifié à
Ce vendredi, l'agence de renseignement de la défense (DIA) des États-Unis à affirmer que la Russie employait des missiles nord-coréens dans le cadre de la guerre en Ukraine. Ce nouveau rapport s'est notamment appuyé sur l'analyse de débris retrouvés en début d'année à Kharkiv, afin de confirmer ces accusations.

La Russie emploie des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine, affirme un nouveau rapport du Pentagone qui s'est appuyé sur l'analyse de débris pour confirmer des accusations de longue date selon lesquelles Moscou reçoit de l'armement de la part de la Corée du Nord. L'Agence de renseignement de la Défense (DIA) des États-Unis a eu recours à de l'imagerie en source ouverte pour confirmer que des débris retrouvés en janvier dans la région de Kharkiv, dans le nord-ouest de l'Ukraine, provenaient d'un missile balistique de courte portée produit en Corée du Nord.

"Des débris de missile nord-coréen ont été retrouvés à travers l'Ukraine"

La DIA a comparé des images diffusées par les médias d’État nord-coréens avec des photographies de ces fragments de missile découverts en Ukraine. "L'analyse confirme que la Russie utilise des missiles balistiques produits en Corée du Nord dans sa guerre contre l'Ukraine", a indiqué l'agence américaine dans un communiqué diffusé mercredi avec la publication du rapport.

"Des débris de missile nord-coréen ont été retrouvés à travers l'Ukraine", d'après la même source. Séoul accuse Pyongyang d'avoir acheminé des milliers de conteneurs d'armement en Russie au mépris de sanctions des Nations unies visant les deux pays: la Russie pour son invasion de l'Ukraine et la Corée du Nord pour son programme nucléaire.

Le pouvoir nord-coréen dément

Kim Yo Jong, la sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et l'une des principales porte-parole du pouvoir, a réfuté et qualifié d'"absurdes" ces accusations en mai, déclarant que Pyongyang n'avait "aucune intention d'exporter ses capacités techniques militaires vers quelque pays que ce soit". Des experts soutiennent que la série récente d'essais nord-coréens, notamment de missiles de croisière et d'autres projectiles balistiques, pourrait être liée à l'envoi d'armement à destination des troupes russes en Ukraine.

Le ministère sud-coréen de la Défense a indiqué à l'AFP n'avoir aucun commentaire à apporter au sujet du rapport. Parmi les photos sur lesquelles s'appuie la DIA  figurent des images diffusées par Pyongyang après une visite du numéro un nord-coréen dans des usines militaires en août 2023 pour inspecter des missiles tactiques et des véhicules de lancement, observe Hong Min, analyste à l'Institut coréen pour l'unification nationale.

Ces images "semblent apporter la preuve évidente de leur utilisation" en Ukraine et "démontrent clairement que le récent communiqué de Kim Yo Jong niant le transfert d'armes russes est faux de façon flagrante"", explique Hong Min à l'AFP.

Un rapprochement entre Moscou et Pyongyang ? 

Pyongyang et Moscou ont renforcé leurs liens ces derniers mois. En mars, Moscou a opposé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour dissoudre le système de surveillance des sanctions des Nations unies contre Pyongyang. En 2023, Kim Jong Un a effectué un rare voyage à l'étranger en se rendant en Russie à l'occasion d'un sommet avec le président russe Vladimir Poutine. Un déplacement du dirigeant russe en Corée du Nord est en préparation, a indiqué le Kremlin en mai à des médias russes.

D'après Hong Min, la récente série d'essais nord-coréens semble justement s'inscrire dans "les efforts visant à fournir des armes supplémentaires à la Russie en amont de la visite du président Poutine en Corée du Nord". Soo Kim, ancienne analyste de la CIA, la principale agence de renseignement américaine, dit à l'AFP ne pas être surprise de l'utilisation russe de missiles nord-coréens.

"Ce qui est inquiétant, toutefois, c'est la coopération en cours et désinhibée, entre les deux nations", estime Soo Kim, qui travaille aujourd'hui pour le cabinet LMI Consulting. "A mesure que le temps passe et que le conflit s'envenime, l'étendue de (leur) coopération est appelée à augmenter et se diversifier", ajoute la spécialiste.