Le Pôle Nord attire les convoitises. La Russie a revendiqué mardi devant les Nations unies la souveraineté sur plus d'un million de kilomètres carrés dans l'Arctique. La région, qui recèle de vastes réserves d'hydrocarbures, avait déjà été convoité il y a quinze ans par l'état russe, mais sa requête avait alors été rejetée. Cette nouvelle demande devrait cependant accélérer la course aux revendications sur l'Arctique. Depuis des années la Russie, les États-Unis (avec l'Alaska), le Canada, la Norvège et le Danemark (avec le Groenland) se disputent cette région inhabitée mais riche en ressources naturelles. La requête russe sera examinée en février ou mars 2016, selon un porte-parole de l'ONU.
1,2 million de kilomètres carrés réclamés. Dans sa requête déposée devant la Commission des Nations Unies travaillant sur les limites du plateau continental, la Russie fait valoir qu'au vu des recherches scientifiques, elle devrait avoir la souveraineté sur 1,2 million de kilomètres carrés supplémentaires dans l'Arctique. L'ONU avait réclamé à Moscou en 2001, après une première demande des autorités russes jugée recevable, d'apporter davantage de preuves pour appuyer sa revendication.
Le droit de la mer fixe actuellement la zone économique exclusive d'un pays à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes, lui donnant la souveraineté dans cette zone pour en exploiter les ressources. Au-delà, les eaux sont considérées juridiquement comme étant internationales. Un pays a toutefois le droit de revendiquer l'extension de sa zone économique exclusive au-delà des 200 milles traditionnels, et jusque dans une limite de 350 milles, en faisant entrer en ligne de compte, études géologiques à l'appui, les limites de son plateau continental qui s'étend sous les eaux.
De gigantesques réserves d'hydrocarbures. La Russie a ainsi mené plusieurs expéditions scientifiques polaires d'envergure pour collecter des données devant prouver que les limites du plateau continental russe dans l'Arctique s'étendent bien au-delà de ses limites actuelles. Et en 2007, une expédition a effectué une plongée record dans les profondeurs de l'océan Arctique, plantant symboliquement à cette occasion un drapeau russe en titane au fond des eaux polaires, à la verticale exacte du pôle Nord géographique.
Si sa demande était reconnue comme légitime, elle donnerait potentiellement à la Russie l'accès à des réserves d'hydrocarbures d'un total de 4,9 milliards de tonnes, selon le gouvernement russe. Selon une étude américaine de 2008, 13% du pétrole et 30% du gaz naturel non découverts de la planète se trouvent dans le sous-sol du Grand Nord. La Russie met l'accent depuis plusieurs années sur cette région stratégique, tant du point de vue économique que militaire. Vladimir Poutine a ainsi ordonné en début d'année la mise en place d'une commission spéciale pour développer les projets économiques dans l'Arctique, tandis que des manœuvres militaires d'ampleur s'y sont multipliées.