La nouvelle est de mauvaise augure pour les discussions de paix entamées par Ankara avec les séparatistes kurdes : des avions de chasse turcs ont lancé des attaques contre des camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak dans la nuit de vendredi à samedi, a confirmé le cabinet du Premier ministre turc dans un communiqué publié samedi.
Frappes aériennes. Les frappes aériennes ont touché des sites du PKK en plusieurs endroits ciblant des entrepôts, des "points logistiques", des locaux d'habitation et des bâtiments de stockage, selon le cabinet du Premier ministre turc. Alors que les pourparlers étaient déjà dans l'impasse depuis quelques mois, ces frappes risquent de fragiliser un peu plus les discussions de paix avec les séparatistes du PKK entamées en 2012 pour tenter de mettre fin à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts en trente ans.
L'organisation EI désormais également visé.Ankara a bombardé pour la première fois vendredi des positions de l'organisation Etat islamique en Syrie tout en promettant de réprimer aussi bien l'organisation sunnite fondamentaliste que le PKK. Pendant longtemps, la lutte contre l'organisation EI n'a pas été la priorité affichée par Ankara, qui réclame avant tout le départ du président syrien Bachar al Assad et juge que les forces kurdes de Syrie lui posent un grave problème de sécurité. Des chaînes de télévision turques ont rapporté ultérieurement qu'une deuxième vague de frappes aériennes avait ciblé l'organisation EI et le PKK peu après minuit vendredi.*
Le PKK veut se défendre. Les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan ont jugé samedi que les conditions du cessez-le-feu décrété en 2013 dans le conflit qui l'oppose à la Turquie n'existaient plus après les frappes aériennes, qualifiées d'"agression". "Les conditions de maintien du cessez-le-feu ont été rompues (...) face à ces agressions, nous avons droit de nous défendre", ont déclaré les Forces de défense du peuple (HPG), l'aile militaire du PKK, dans une déclaration sur leur site internet. Les autorités kurdes d'Irak ont également condamné les raids de l'armée turque sur leur territoire. Le président de cette région autonome du nord de l'Irak Massoud Barzani a appelé le Premier ministre turc Ahmed Davutoglu pour lui exprimer son "mécontentement quant à la dangerosité de la situation", selon un communiqué.