Ankara avait prévenu Washington avant de lancer son opération aérienne et terrestre contre une milice kurde dans le nord de la Syrie, a assuré dimanche le ministre américain de la Défense Jim Mattis, estimant que les préoccupations sécuritaires de la Turquie étaient "légitimes".
"La Turquie a été franche, ils nous avertis avant de lancer l'aviation, ils nous ont dit qu'ils allaient le faire en consultation avec nous et nous travaillons maintenant sur la marche à suivre avec le ministère des Affaires étrangères", a déclaré le ministre à des journalistes qui l'accompagnaient à bord d'un avion le conduisant en Asie pour une tournée d'une semaine.
La Turquie, allié des États-Unis au sein de l'Alliance atlantique, "est le seul pays de l'OTAN avec une insurrection active à l'intérieur de ses frontières et les préoccupations sécuritaires de la Turquie sont légitimes", a assuré Jim Mattis. La Turquie considère les Unités de protection du peuple (YPG) -la milice ciblée par son offensive- comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux et qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.
Les YPG, des alliés de poids dans la lutte anti-djihadiste. Mais les YPG reçoivent l'appui des États-Unis en tant qu'alliés de poids de la coalition anti-djihadistes en Syrie et ont été à la pointe de l'éviction du groupe État islamique (EI) de son bastion de Raqqa. Le département d'Etat américain a comme Jiim Mattis évoqué les "préoccupations légitimes (de la Turquie) en matière de sécurité", tout en appelant Ankara à "faire preuve de retenue" en Syrie.
Dix-huit personnes tuées dans des bombardements turcs. "Nous appelons la Turquie à faire preuve de retenue, à s'assurer que ses opérations militaires restent d'une portée et d'une durée limitées et à scrupuleusement éviter toute victime civile", a notamment réclamé la porte-parole des Affaires étrangères américaines, Heather Nauert, dans un communiqué. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, 18 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans les bombardements turcs depuis samedi. Ankara affirme n'avoir touché que des "terroristes" et accuse les YPG de "propagande".