Une fois adoptée par le Parlement israélien, la loi en faveur des colons n'a pas tardé à provoquer les critiques. Dénoncée comme un crime de guerre ou un vol légalisé, le texte scandalise les Palestiniens et les défenseurs de la solution à deux Etats. L'administration Trump de son côté garde ses distances et rompt avec la ligne adoptée par Barack Obama.
Vers une légalisation d'une cinquantaine de colonies sauvages. Ce texte adopté par 60 voix pour et 52 contre autorise l'Etat à déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation en Cisjordanie occupée, soit parce qu'ils ignoraient qu'ils étaient propriétés privées, soit parce que l'Etat les aurait laissés faire. Les propriétaires palestiniens seront compensés financièrement ou par d'autres terrains. La loi protégera les colons d'évictions comme celle, la semaine passée, de la colonie "sauvage" d'Amona, selon ses promoteurs. Elle devrait revenir à "légaliser" 53 colonies dites "sauvages" et à exproprier au minimum plus de 800 hectares de terres palestiniennes, estime l'organisation israélienne la Paix maintenant.
" "Par cette loi, Benjamin Netanyahu fait du vol la politique officielle d'Israël et salit les livres de loi israéliens". Tout cela "pour satisfaire un petit groupe de colons extrémistes et assurer sa propre survie politique". "
L'administration Trump doit "consulter". La réponse juridique est déjà en préparation, les défenseurs des droits de l'Homme et de la cause palestinienne ont annoncé qu'ils saisiraient la Cour suprême israélienne pour faire annuler le texte. Le leader travailliste israélien Isaac Herzog a brandi le spectre de compatriotes inculpés par la Cour pénale internationale. La réaction américaine a offert un frappant contraste avec cette indignation mais aussi avec les critiques émises jusqu'au bout par l'administration Obama contre la colonisation. L'administration Trump a "besoin de consulter toutes les parties sur la manière d'avancer", selon les mots d'un responsable du département d'Etat qui reflètent des déclarations antérieures selon lesquelles elle n'avait toujours pas arrêté sa position sur la colonisation.
Une loi qui "détruit les chances de paix". Une grande partie de la communauté internationale voit dans les colonies un obstacle à la paix toujours insaisissable. "Une telle loi signifie l'annexion définitive de la Cisjordanie", s'est alarmée la dirigeante palestinienne Hanane Achroui. Elle prouve que le gouvernement "raciste et extrémiste" de Benjamin Netanyahu "détruit délibérément les chances de paix". La communauté internationale doit prendre des "mesures punitives et des sanctions avant qu'il ne soit trop tard", selon elle. La Jordanie a dénoncé une "loi provocatrice" qui s'inscrit, selon la Ligue arabe, dans la continuité "des politiques israéliennes qui visent à réduire à néant toute possibilité d'une solution à deux Etats et la mise en place d'un Etat palestinien indépendant".
La loi soulève une multitude d'interrogations quant à sa conformité avec les textes fondamentaux israéliens et le droit international. Mais chez de nombreux défenseurs des colons est ancrée la conviction que ces terres reviennent par la Bible à Israël, quoi qu'en disent les juges israéliens, les Palestiniens et la communauté internationale.