La Turquie pourrait accorder la citoyenneté à 300.000 réfugiés syriens fortunés et qualifiés afin de les garder sur son sol, a rapporté samedi un journal turc, Haberturk. L'octroi de la nationalité turque se ferait progressivement, a indiqué le quotidien.
Entre 30.000 et 40.000 Syriens concernés. Ils sont actuellement quelque 2,7 millions à vivre en Turquie après avoir fui leur pays en guerre, mais l'octroi de la nationalité pourrait concerner jusqu'à 300.000 d'entre eux. Le président Recep Tayyip Erdogan avait déclaré le 2 juillet étudier une naturalisation des réfugiés syriens, sans fournir de précisions.
Seuls 10% environ des Syriens en Turquie vivent dans des camps près de la frontière. Les autres, toutes catégories sociales confondues, se battent pour s'intégrer à la société et au marché du travail. La Turquie ne les considère pas juridiquement comme des réfugiés mais comme des "invités". Ankara espère que les Syriens aisés resteront dans le pays pour y investir et alimenter l'économie, "notamment les riches Syriens qui veulent aller en Europe", a indiqué le journal. Les Syriens ayant un niveau d'études supérieures et des qualifications professionnelles - comme des réfugiés d'autres pays également - devraient être eux aussi prioritaires.
Les naturalisés attendront un an avant de pouvoir voter. Selon certains experts, Recep Tayyip Erdogan souhaiterait obtenir le soutien électoral des Syriens reconnaissants. Selon Haberturk, les nouveaux naturalisés ne devraient attendre qu'un an avant de pouvoir voter. Les membres de leur famille pourraient également obtenir la nationalité turque, selon le quotidien. Les réfugiés syriens seraient exemptés de l'obligation légale de cinq ans minimum de résidence en Turquie avant de se voir accorder la nationalité.
Réactions de rejet sur les réseaux sociaux turcs. Samedi, les critiques étaient en tête des tendances sur Twitter avec le mot-clé "suriyelilerehayir ("Non aux Syriens"). En janvier, la Turquie avait annoncé qu'elle accorderait des permis de travail aux réfugiés syriens. Selon le ministère du Travail, 5.502 Syriens ont obtenu depuis un permis de travail. Des défenseurs des droits de l'homme ont accusé la Turquie de fermer de facto ses frontières aux réfugiés syriens cette année, mais Ankara assure être toujours prête à accueillir les blessés et ceux qui fuient les combats.