La Turquie s'est résolument engagée dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en menant vendredi son premier raid aérien contre des positions djihadistes en Syrie, quatre jours après un attentat suicide meurtrier attribué au mouvement radical.
Premier raid aérien mené en Syrie. Peu avant 4h (3h, heure française), trois chasseurs F16 de l'armée de l'air turque ont bombardé en territoire syrien trois objectifs tenus par les djihadistes. L'opération s'est déroulée dans la zone frontalière qui fait face à la ville turque de Kilis. Jeudi, des combattants djihadistes avaient ouvert le feu depuis la Syrie sur un poste frontalier de l'armée turque, tuant un sous-officier et blessant deux soldats, selon l'état-major turc. Des chars turcs ont immédiatement riposté en ouvrant le feu sur une position djihadiste, tuant un de ses combattants et endommageant trois de ses véhicules. Cette confrontation directe intervient dans la foulée de l'attentat suicide commis lundi à Suruç.
Accord avec Washington. Depuis, le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara, longtemps accusé de complaisance envers l'EI, a clairement renforcé sa lutte contre les djihadistes. Selon un responsable militaire américain, Ankara a ainsi enfin autorisé les Etats-Unis à utiliser plusieurs de ses bases aériennes, dont celle d'Incirlik, pour mener des raids aériens contre des cibles du groupe Etat islamique en Syrie ou en Irak. Le feu vert des Turcs, sollicité de longue date par Washington, a été officialisé au lendemain d'un entretien téléphonique des président turc Recep Tayyip Erdogan et américain Barack Obama.
"La Turquie est déterminée". La Turquie était jusque-là restée l'arme au pied face à l'EI. Elle avait refusé d'intervenir militairement en soutien aux milices kurdes de Syrie, par crainte de voir se constituer une région autonome hostile dans le nord de ce pays. "La République de Turquie est déterminée à prendre toutes les précautions pour défendre la sécurité nationale", a répété vendredi le bureau du Premier ministre Ahmet Davutoglu, au lendemain d'une réunion avec les chefs militaires et des services de sécurité.
Des dirigeables au-dessus de la frontière ? Selon le quotidien Hürriyet citant des responsables turcs, le gouvernement envisage aussi de déployer des dirigeables au-dessus des 900 km de sa frontière syrienne et de doubler celle-ci par un mur afin d'empêcher les mouvements des jihadistes. Les autorités turques ont également lancé vendredi matin à Istanbul un vaste coup de filet, engageant 5.000 policiers et des hélicoptères, contre des membres présumés du groupe Etat islamique, selon les médias turcs. La Turquie constitue le principal point de passage des recrues djihadistes vers la Syrie.
Europe 1 est allé en Turquie, à la rencontre des passeurs de migrants :