En application de l’accord passé fin mars entre l’UE et Ankara sur les migrants, Frontex a commencé à renvoyer de Grèce vers la Turquie les déboutés du droit d’asile. Invité d’Europe 1 Nuit, Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’Asile, a dénoncé "un accord d‘une extrême veulerie et d’une grande lâcheté" qui, selon lui, "consiste à installer un troc d’êtres humains entre l’Europe et la Turquie de monsieur Erdogan". En effet, les Européens se sont engagés, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, a accepté un nouveau demandeur d’asile sur leur territoire.
Un accord inique. "Ça ne va rien régler à terme parce que l’on sait pertinemment que si l’on bouche la voix depuis la Turquie, on sait qu’une autre voix va s’ouvrir. On le voit déjà, en Méditerranée centrale depuis la Libye", explique Pierre Henry. "Je ne sais pas si on peut éviter ce genre de drame. Mais on peut sauver l’honneur en prenant sa part de travail. [..] Il faut travailler avec monsieur Erdogan, mais pas en lui déléguant notre politique migratoire", estime le responsable.
L'UE face à la Turquie. Pour lui, l'Union européenne est actuellement soumise à la pression du président turc qui instrumentalise la crise migratoire. "Monsieur Erdogan fait sauter à la corde les 28 états membres. Il dit 'attention la Turquie a moins besoin de cet accord que vous, Européens, et si vous ne me délivrez pas un certain nombre de visas et bien je vais rouvrir les vannes.' Et voilà sous quel type de chantage nous acceptons de nous mettre. Je pense que nous avons perdus notre dignité commune."
Manque de solidarité. Enfin, Pierre Henry a déploré le manque de solidarité entre les pays de l'UE. "Cela fait maintenant plusieurs années qu’un certain nombre de pays européens se sont détachés des valeurs fondatrices de l’Union européenne", relève-t-il, fustigeant plus particulièrement les derniers entrants, pays de l’Europe de l’est, mais également le Danemark et la Bulgarie. " À chaque fois qu’ils mettent en cause les valeurs de l’Union, il ne se passe rien, on laisse faire."