L'accord signé entre l'Union européenne et la Turquie pour prendre en charge la crise des réfugiés semble compromis. De fait, celui-ci prévoit que la Turquie surveille mieux ses frontières et accueille les migrants. En échange, les visas pour les ressortissants turcs qui voudraient effectuer un séjour court au sein de l'Union européenne seront supprimés. Mais cette clause sur les visas est également conditionnée à d'autres facteurs, notamment une modification de la loi antiterroriste turque, que les Européens souhaiteraient moins stricte.
Juste et exigeant. Or, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, refuse désormais de changer sa loi antiterroriste. "Je ne suis pas d'accord avec [ses] décisions", a indiqué François Hollande mardi, sur Europe 1. "Toutes les conditions [de l'accord] doivent être respectées." Selon le président français, l'accord de départ sur la crise des réfugiés "est juste" et "exigeant". "Cela va permettre à la Turquie de garder les réfugiés plutôt qu'ils ne viennent jusqu'ici. Et cela va aussi permettre que ceux qui relèvent du droit d'asile puissent venir en nombre." Il est donc absolument nécessaire d'en respecter toutes les clauses.
Dérive autocratique. Reste que cet accord est aussi vu, par ses détracteurs, comme la défaite de l'Union européenne face à un pouvoir turc de plus en plus autoritaire. La répression du régime contre les kurdes, mais aussi contre la presse d'opposition, laisse planer la menace d'une dérive autocratique. Sans compter que pour beaucoup, Ankara joue un jeu ambigu dans la guerre en Syrie, disant combattre Daech alors qu'elle lui achète du pétrole.