Le gouvernement allemand a exhorté mercredi la Chine à laisser le dissident Liu Xiaobo sortir du pays et s'est dit prête à l'accueillir pour le soigner.
Une situation "dramatique". "M. Liu et son épouse ont clairement exprimé le souhait de quitter la Chine, l'Allemagne se tient prête à accueillir et à apporter des soins médicaux" au dissident, a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. "La situation de M. Liu et de sa famille ne peut être qualifiée que de dramatique, c'est la raison pour laquelle le gouvernement allemand appelle les dirigeants chinois à donner une priorité à l'aspect humanitaire de cette affaire et à autoriser sans délai un départ" à l'étranger, a-t-il ajouté.
Empêché d'être soigné à l'étranger. Le porte-parole s'est dit également "très préoccupé" par les dernières informations en provenance de Chine concernant une détérioration de l'état de santé du prix Nobel de la paix (2010). Le défenseur de la démocratie, âgé de 61 ans, a été placé en liberté conditionnelle et hospitalisé après plus de huit années de détention pour "subversion". Les autorités chinoises ont refusé jusqu'ici sa demande d'être envoyé à l'étranger pour y être soigné et les derniers communiqués médicaux chinois font craindre un décès prochain du dissident. Après trois jours de traitement intensif, "le patient est en défaillance respiratoire", a indiqué mercredi l'Hôpital universitaire de Shenyang, affirmant que la famille s'opposait à une intubation.
Des versions contradictoires. Selon ses partisans, les communiqués alarmiste de l'hôpital servent les intentions du régime communiste, qui cherche à tout faire pour éviter que le défenseur des libertés parte à l'étranger, Pékin redoutant qu'il s'y exprime ensuite pour critiquer le régime communiste. Deux médecins occidentaux qui se sont rendus au chevet du prix Nobel de la paix avaient assuré dimanche qu'il était possible de le transférer à l'étranger pour qu'il reçoive des soins. De son côté, le ministère chinois des Affaires étrangères a appelé mardi les pays étrangers à "ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de la Chine sous le prétexte (de défendre) un cas particulier".
Des soins trop tardifs ? Berlin a aussi critiqué mercredi l'hospitalisation tardive de Liu Xiabao, alors que plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ont reproché à Pékin d'avoir attendu que son état de santé empire avant de lui permettre de sortir de prison. "Au vu des informations dont nous disposons, la question se pose de savoir si la gravité de la maladie de M. Liu n'aurait pas être décelée et soignée beaucoup plus tôt", a souligné le porte-parole du gouvernement. S'il devait décéder en Chine, Liu Xiaobo deviendrait le premier prix Nobel de la paix à mourir privé de liberté depuis le pacifiste allemand Carl von Ossietzky, décédé en 1938 dans un hôpital alors qu'il était détenu par les nazis.