L'Aquarius, le bateau de l'ONG SOS Méditerranée qui participe au sauvetage de migrants en Méditerranée, a accosté vendredi matin à Marseille, pour une escale technique de quatre jours, a indiqué Laura Garel, porte-parole de l'ONG. Vers 8 heures vendredi, le navire à la coque orange et blanche s'est amarré au port de commerce, sous les applaudissements de badauds rassemblés sur l'esplanade du Mucem, salués en retour par l'équipage de l'Aquarius. A son bord, l'Aquarius comptait une trentaine de membres d'équipage (de l'ONG et de Médecins sans frontières), selon Laura Garel.
Se ravitailler et changer d'équipage. L'escale technique doit permettre au bateau de se ravitailler et de changer d'équipage, a-t-elle ajouté. "D'habitude nous faisons escale toutes les trois semaines environ, à Catane en Sicile ; là nous avons dû aller bien plus loin", a-t-elle déploré.
Malte a refusé. L'association, fondée il y a deux ans dans la cité phocéenne et dédiée au secours des migrants en mer, a choisi cette fois d'éviter l'Italie où "le climat (n'est) pas du tout favorable aux ONG", selon son directeur des opérations, Frédéric Penard. L'ONG s'est d'abord adressée à Malte pour son escale, mais les autorités maltaises lui ont refusé l'accès à ses eaux territoriales.
Les politiques hostiles. Mais à Marseille, l'accueil semble frisquet. Pour Stéphane Ravier, sénateur du Rassemblement national, le bateau ne doit pas repartir vers les cotes libyennes. "Le navire doit rester à quai le temps que l'on sache quelles sont vraiment les intentions de L'Aquarius et de l'association SOS Méditerranée. Cette escale va permettre à L'Aquarius de se recharger en clandestins, et de continuer son oeuvre de trafic d'êtres humains", a-t-il pesté au micro d'Europe 1. Ces propos font hurler la gauche. Prudent, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, rappelle la tradition d'accueil du port de la ville.
Marseille, "avant-port de Lampedusa". Dans les rangs LR, la députée Valérie Boyer, elle, enfonce le clou. "Cette escale est scandaleuse. Si ce bateau arrive à Marseille, c'est bien parce que le président de la République, par sa politique du 'en même temps', a fait en sorte que la France soit une nouvelle destination pour ces bateaux que je ne qualifierais pas d'ONG, mais de complices de passeurs", s'insurge-t-elle sur Europe 1. Pour la députée, le risque de "transformer Marseille en avant-port de Lampedusa" existe.
Dans la nuit du 9 au 10 juin, l'Aquarius, avec 630 migrants à bord, s'était vu refuser l'accès à Malte et en Italie, le nouveau ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, chef de La Ligue (extrême droite), ayant refusé d'ouvrir ses ports au bateau. L'odyssée du navire s'était achevée le 17 juin dans le port espagnol de Valence, à la suite d'une proposition du nouveau président du gouvernement espagnol, le social-démocrate Pedro Sanchez.