Une polémique jeudi autour de la pâte à tartiner Marmite, une institution au Royaume-Uni, illustre les craintes de hausses de prix pour les consommateurs britanniques en raison de la chute de la livre depuis le vote pour le Brexit.
Un emblème. Omniprésent dans le débat politique et économique, le Brexit a fait une arrivée remarquée dans les assiettes. Ou plutôt sur les tartines : car la chute de la livre, nourrie par les craintes d'un "Brexit dur", a eu un effet inattendu, avec la disparition jeudi de la fameuse Marmite du site Internet du géant des supermarchés Tesco. Au cœur du problème : si la Marmite, une pâte noire au goût amer et salé fabriquée à partir de levure de bière, est bien made in Britain, elle est détenue par le géant néerlandais de l'agroalimentaire Unilever.
Une guerre des prix. Or, les revenus tirés de la Marmite au Royaume-Uni sont mécaniquement diminués lorsqu'il les convertit en euros, à cause de la dépréciation de la livre ces derniers mois. Pour compenser, le groupe néerlandais a décidé selon la presse d'augmenter de 10% le prix des Marmite facturées à Tesco, ce que dernier a refusé, préférant arrêter de lui en acheter, au risque de ne plus pouvoir les proposer à ses clients. En fin de journée, Unilever a annoncé que le problème d'approvisionnement de Tesco au Royaume-Uni et en Irlande avait été "résolu avec succès". Sans donner le détail de l'accord avec Tesco.
Une polémique même politique. La crainte d'une pénurie de ce produit iconique au Royaume-Uni, qui se déguste à tout moment de la journée sur des toasts ou comme base pour des sandwiches, sauces ou bouillons, a fait réagir jusque dans les rangs politiques. Le député conservateur Gerald Howarth a estimé dans le Daily Telegraph qu'Unilever utilise "la baisse de la livre pour exploiter le consommateur". Pour le leader du Parti libéral-démocrate Tim Farron, "le chaos autour du Brexit touche désormais nos rayons de supermarché".
Tous les prix impactés. Tesco évolue dans un secteur extrêmement concurrentiel au Royaume-Uni où les chaînes traditionnelles de supermarchés doivent composer avec la montée en puissance des enseignes allemandes de maxi-discount Aldi et Lidl. De son côté, la British Retail Consortium, la fédération professionnelle de la grande distribution, a lancé un appel au gouvernement cette semaine, en soulignant que le secteur était le plus grand importateur du Royaume-Uni et que la pression sur les coûts, liée à la baisse de la livre, "pourrait signifier des prix plus élevés dans les magasins". De même, la fédération des stations-service a prévenu que le prix de l'essence à la pompe risquait d'augmenter d'ici à la fin du mois de 4 à 5 pence par litre (autour de 5 centimes d'euro).